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l’âme en bourgeon


Je savais la suave odeur
De lait pur qu’aurait ton haleine
Et quel choc effrayant ton cœur
Battrait sous la guimpe de laine.

Je sentais si bien tes pieds nus
Marcher dans mon douillet mystère
Que mon sang les a reconnus
Quand tu les posas sur la terre.

Comment ne t’aurais-je pas vu
Avec les yeux de ma pensée ?
Rien de toi ne m’est imprévu,
Petite âme que j’ai tissée.

Quand tu poussas ton premier cri,
Ce cri me sortait des entrailles ;
Mon souffle s’étire attiédi
Sur tes lèvres lorsque tu bâilles.