Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/207

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— Où va-t-elle ?... Elle est perdue dit un matelot.

— Si elle pouvait doubler la pointe ??..

— et gagner le Stiff ?... avec ces vents qui rabattent sur les roches, elle n’y parviendra pas.

Le youyou avait disparu dans la nuit.


Et de la côte, Soley, lui aussi, avait vu les feux de la maison flottante. Il avait entendu les accords d’un piano et les rires que lui apportait le vent, par bouffées. Et Anne Naour, fillette de treize ans, lui avait dit, sans méchanceté, mais dans toute l’innocence de son cœur :

— Julia est là.

— Oui ? fit-il en cachant sa surprise.

— Elle a embarqué avec Yanne et Maryvonne et « ceux-là » du bateau. Et elle est restée.

— Et elle boit et elle mange de bonnes choses, faisant la fête. Et toi, Annic, tu es ici, applaudissant sans y participer aux plaisirs des autres ? Pourquoi n’es-tu pas avec elles, dans ce steamer du diable, à te réjouir de tout ton petit corps de gosse, de toute ton âme de maoutic ?

Mais l’enfant ne pouvait pas comprendre.