Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

niaux se ruaient sur les traces des fuyardes. À leur tour, ils disparurent dans l’ombre ; les vociférations s’atténuèrent peu à peu et cette vision d’horreur s’effaça.

— Tu as entendu ? fit l’homme. Si ce n’est pas moi, ce sera un autre et dix et vingt. Tu as besoin de moi pour te défendre !..

Et c’était vrai. Ils avaient brûlé des maisons, violé, assassiné. L’île vivait dans la consternation. À Pen ar lan, ils avaient assiégé la maison du frère de Séraphine, un matelot en congé qui aurait été tué sans l’arrivée du poste. Ils avaient pillé des débits, mis le feu aux meules et, la nuit, ils coupaient les amarres des barques. Les moutons disparaissaient. On retrouvait leurs têtes et leurs peaux dans les chemins.

Alors, le Pantinois s’installa chez elle, complètement. Louise le regardait avec effroi et répulsion, incapable de secouer son joug. Et maintenant, elle faisait la cuisine pour deux.

Elle s’était assouplie, courbée sous les coups, rendue à tous ses désirs. En lui tordant les joues d’un pinçon, il lui avait appris à sourire pour cacher ses larmes. Après cela, il la força de se prostituer à ses camarades, pour quel-