Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/269

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Deux mois avant, un matin d’octobre, j’avais aperçu Marie en haut des rochers de Porz Pol, un peu à l’écart de celles qui, en groupes bavards, endimanchés, épient, par delà les brisants du Piliguet et de Porz Goret, dans les vagues blanches de la Jument, la fumée ténue de la Louise.

À quelques mètres, les ouvriers des Ponts et Chaussées poursuivaient leur besogne opiniâtre de tailleurs de blocs de granit qu’un chaland emportait ensuite, dans les remous des courants, jusqu’au rocher Ar Gazec où s’édifiait le nouveau phare, tandis que sur le quai, des hommes et des femmes déchargeaient un voilier.

Quelques officiers et des sergents, accompagnés de leurs natives, étaient aussi venus jusqu’au port, saluer le courrier qui amenait les nouvelles du continent. Il y avait encore des jeunes Ouessantines, accourues en bande des quatre coins de l’île, à la rencontre de l’amie, retour du Conquet, et celles qui venaient prendre au débarqué le mari, le fiancé ou l’amant. Il y en avait de graves, d’anxieuses, impatientes de l’épave d’amour qu’allait leur apporter le flot, et d’autres, qui riaient aux éclats, provoquant les hommes. On remarquait,