Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/57

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ou terreuses, parfois d’un vert très sombre sous le ciel opaque et obscurci, infiniment lointaines, comme le panorama qu’on découvre du sommet des montagnes. On croyait reconnaître des plaines, des vallées profondes, des forêts. Il y avait comme une fantasmagorie dans ces aspects changeants dus au jeu mouvant des couches vaporeuses planant sur les bancs de récifs couverts d’algues. Cette féerie cessa quand la brume s’épaissit davantage. Cependant, les feux des phares, à peine affaiblis, étaient encore visibles. Un vent Est-Nord-Est soufflait en chantant. — La nuit venue, on n’aperçut plus comme étoiles, que celles qui étaient directement au-dessus de la tête.

Non loin de la pointe de Pern, le Créac’h érigeait sur un monticule l’activité de sa machinerie lumineuse. Ses éclats, nets et coupants, car le brouillard semblait maintenant devoir se dissiper, divisaient la voûte sombre du ciel en sections d’une uniformité désespérante. En avant du phare, un écroulement de roches titaniques bataillait avec une eau noire, mugissante, d’où se dégageait la rumeur d’une gigantesque cataracte. Quand le réflecteur inondait ces abîmes, les vagues qui s’y précipitaient