Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/93

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allée de spectres dans l’enclos où on peut les voir encore..

Jusqu’au jour où, malgré sa force herculéenne, en franchissant le seuil de la maison de Rulan, ses reins fléchirent sous une de ces masses gigantesques. Hono tituba, se raidit, chancela encore ; les muscles tendus à l’excès se rompirent, l’homme s’effondra et fut écrasé sous la roche.

Depuis, plusieurs personnes avaient tenté d’habiter Rulan. Harit Canaber, qui s’y installa, dut en repartir le lendemain, affirmant, comme les autres, que la chaumière était hantée. On prétend, en effet, que la dame de Men ar Froud l’occupe — et qu’il ne faut qu’un mot, mais un mot atroce, prononcé minuit passé, un mot qu’on ne peut pas dire en français, pour la faire apparaître.

— C’est toujours dans ce coin qu’on la voit, ajouta Barba, en faisant un pas en avant.

Un frisson s’empara des îliennes, car Jeanne et Rose pensaient que Barba était assez saoule et assez païenne pour dire le mot. Et chacun malgré soi, même les hommes, tous s’étaient retournés du côté désigné. Alors se produisit un fait inouï. La lumière vacilla tout à coup et Rose poussa un cri terrifié : un bruit, un cra-