Page:Savinien Cyrano de Bergerac - La mort d'Agrippine - 1654.djvu/110

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tragedie.

Tu payes mon Eſpoux de ce que ie luy doy,
Mais quel bras aujourd’huy me vengera de toy
La ſuite de ta mort m’aſſeurant de la ſienne,
Ma vengeance voloit toute entiere à la tienne ;
Mais dans ce grand project, dont i’attẽdois mon bien,
Son trépas impreveu n’a point cauſé le tien,
Où ſera mon recours, ma famille outragée,
Sur le tombeau d’un ſeul n’eſt qu’à demy vengée ;
Si ie veux donc m’en faire une entiere raiſon,
Ta teſte pour victime eſt deuë à ma Maiſon :
Ouy, ie dois t’arracher & l’Empire & la vie,
Par cent coups redoublez contenter mon envie ;
Sejanus abattu, renverſer ſon appuy,
Te noyer dans ſon ſang, t’immoler deſſus luy,
Et d’une main cruelle en deſſerrant ta veuë,
Te contraindre de voir que c’eſt moy qui te tuë.

Tibere

Ha ! c’eſt trop Agrippine ;

Agrippine

Ha ! c’eſt trop Agrippine ; Ah ! c’eſt encor trop peu,
Il faut que ton eſprit aveuglé de ſon feu,
Tombant pour me punir dans un tranſport infâme,
Comble tes laſchetez du meurtre d’une femme.