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agrippine.

De ne point eſcouter ces laſches ennemis
Qui te rendent ſuſpects Agrippine & ſon fils ;
Ne ſouffre pas, Seigneur, qu’une ame deſloyale
Deſgorge ſon venin ſur la maiſon Royale,
Tout le Palais deſia fremit de cet affront,
Et ta couronne meſme en tremble ſur ton front,
Rome en eſt offenſée, & le peuple en murmure,
Previens de grands malheurs, Ceſar, ie t’en conjure !
Je t’en conjure encor par l’amour des Romains,
Et par ces triſtes pleurs dont ie mouille tes mains.

Tibere

Comment.

Seianus

Comment. Tes Legions qui s’approchent de Rome,
Réveillent en ſurſaut la ville d’un grand ſomme ;
Elle croit que tu veux abreuver ſes rempars
De ce qui reſte encor du ſang de nos Ceſars,
Et qu’apres tant de ſang que ta ſoif ſe deſtine,
Tu viens pour te baigner dans celuy d’Agrippine.
Le Peuple en tous ſes bras commence à ſe mouvoir,
Il faict aux plus ſenſez tout craindre & tout pouvoir :
Pour te l’oſter de force il reſout cent carnages,
Autour de ton Palais il porte ſes images,
Il brave, il court, il crie, & preſque à ton aſpect,
Menace inſolemment, de perdre tout reſpect,