Page:Savinien Cyrano de Bergerac - La mort d'Agrippine - 1654.djvu/7

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EPISTRE.

vertu qui donne plus d’éclat à voſtre ſang,[1] qu’elle n’en a receu de luy, encore que la ſource en ſoit Royalle : Ceux de voſtre prudence dans les negotiations les plus importantes de l’Eſtat, que l’on nous propoſe comme un portrait achevé de la ſageſſe : Ceux de voſtre valeur dans les combats, dont elle regle les evenements, au prejudice du pouvoir abſolu que la fortune s’en est reſervé, & ceux enfin, MONSEIGNEUR, de voſtre courage qui n’a iamais veu de peril qu’au deſſous de luy. Ces conſiderations me font eſperer que la genereuſe Agrippine ayant eſté preſente à toutes les victoires de ſon Heros, elle n’ignore pas en quels termes elle doit parler des voſtres, & ie ſuis meſme certain qu’elle leur rendra iuſtice, ſans qu’on l’accuſe de flaterie ; car ſi vous eſtes d’un merite à ne pouvoir eſtre flaté, elle eſt auſſi d’un rang à ne pouvoir flater. Mais, MONSEIGNEUR, que pourroit-elle dire qui ne ſoit connu de toute la terre, vous l’avez veuë preſqu’entiere en victorieux,[2] & par un prodige inouy, voſtre viſage meſme n’y eſt gueres moins connu que ſon nom. Souffrez donc que ie vous offre cette Princeſſe, ſans vous rien promettre d’elle, que cet adveu public qu’elle vient vous faire, qu’enfin elle a trouvé un Heros plus grand que Germanicus :

  1. Les Roys d’Arragon & les Comtes de Thoulouze, dont quelques uns ont regné en Ierusalem.
  2. Monſeigneur L. D. d’Arpajon a Commandé en France, en Alſace, en Flandre, Lorraine, Italie, Rouſſillon, Malthe, Veniſe, Pologne, &c.