Page:Savinien Cyrano de Bergerac - La mort d'Agrippine - 1654.djvu/76

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tragedie.

Mais ie t’offenſerois ſi i’oſois me deffendre,
Ce ſeroit une preuve à la poſterité,
Que ta mort eſtoit iuſte & pleine d’equité,
Si ton cœur teſmoignoit par la moindre ſurpriſe,
Soupçonner ma vertu de l’avoir entrepriſe,
Ie veux donc à ta gloire eſpargner cet affront,
Tu vois mon innocence & la lis ſur mon front,
Agrippine, Ceſar ? attenter ſur ta vie,
Non, tu ne le crois pas, mais ce Monſtre d’Envie,
Dont le ſouffle ternit la candeur de ma foy,
A ſans doute apoſté des teſmoins contre moy :
Car tout Rome connoiſt qu’il veut par ma ruine,
Eſlever ſa maiſon ſur celle d’Agrippine.

Tibere

Tout ce déguiſement ne te peut garantir,
Ton iour est arrivé, ſuperbe, il faut partir,
Et l’Eſtat en peril a beſoin de ta teſte.

Agrippine

Faut-il tendre le col ? qu’on frappe, ie ſuis preſte,
Tibere eſtant icy, ie voy l’Executeur :
Mais apprens-moy mon crime & mon Accuſateur ?

Tibere

Tu desbauches le Peuple à force de largeſſes,