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tragedie.

Mon ſang me fait regner ſur ce laſche Empereur ;
Encor qu’inſolemment le ſuperbe me brave,
Ie ne puis m’abaiſſer à flatrer mon Eſclave.
Quoy mon fils à Caprée !

Seianus

Quoy mon fils à Caprée ! Ô Ciel !

Agrippine

Quoy mon fils à Caprée ! Ô Ciel ! Ah Sejanus !
La fureur me ſaiſit, ie ne me connois plus,
Vois-tu pas ſon deſſein ?

Seianus

Vois-tu pas ſon deſſein ? Ce rusé Politique,
Le cache aux yeux de Rome & de la Republique,
Son amitié travaille à le faire oublier,
De l’azile qu’il donne il ſe fait le Geolier,
Et vous des-uniſſant à faux tiltre de Pere,
Oſte la mere au fils & le fils à la mere.
Ah ! Madame, il eſt temps de faire agir la main,
Dont le coup doit un Maiſtre à l’Empire Romain.
Allez deſcendre au Camp, mutinez les Gensdarmes
Faites-les ſouvenir d’avoir porté les armes,
D’avoir en cent climats planté nos pavillons,
Et fauché par la mort tant d’affreux Bataillons,