Page:Say - Œuvres diverses.djvu/272

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les gens de l’art, en suivant la vallée de Montmorency, ne tarderait pas à s’exécuter. Voilà encore six lieues de gagnées, et les grands détours de la Seine, ses hauts-fonds, ses machines de Marly sont franchis. Le canal de Dieppe, qui lie un autre port de mer avec Paris, reçoit à son tour un puissant encouragement. Son exécution devient assurée. Les produits de l’Oise, c’est-à-dire, ceux de l’Aisne, de la Somme et de l’Escaut, au lieu de faire le circuit de Conflans-Sainte-Honorine, de Saint-Germain, de Marly, et d’y rencontrer et des dépenses et des dangers, arrivent par une route plus directe, plus prompte et plus sûre, au port de la Villette. Cette facilité ouvre de nouveaux débouchés, provoque de nouveaux perfectionnements dans les canaux correspondants du Crozat, de Saint-Quentin, de Mons, et voilà un système de communications commerciales presqu’entièrement créé.

De l’embouchure de l’Oise jusqu’à Rouen, la navigation de la Seine, par un ensemble de canaux bien entendus, peut être rendue et plus courte et plus sûre, et praticable en toute saison. Il est véritablement honteux, qu’à portée de lumières de tous les genres et de capitalistes puissants, et en dépit des intérêts du commerce, la navigation de Rouen à Paris ait encore fait si peu de progrès, et qu’un bateau, pour franchir le court espace d’une de ces villes à l’autre, soit obligé de voyager pendant vingt-cinq jours, au prix d’une dépense de 2,500 à 3,000 fr.

Les canaux entrepris entraînent nécessairement toutes ces améliorations, et beaucoup d’autres du même genre du côté de la haute Seine. Ils facilitent non-seulement la navigation actuelle et en provoquent l’extension, mais la navigation possible ; et celle-ci n’a point de bornes.

Aux avantages d’une navigation plus courte, moins dangereuse et moins dispendieuse, le port de la Villette et ses deux embranchements, en joignent beaucoup d’autres qu’ils tiennent de leur situation par rapport à cette grande ville.

Maintenant, les bateaux qui surmontent les dégoûts que présente la navigation de la Seine, arrivent au quai d’Orsay, au port SaintNicolas. Sur ces bords, le commerce voudrait trouver des magasins : il n’y rencontre que des palais. Franchit-on ces palais, on ne trouve dans les quartiers Saint-Honoré, des Halles, de la Grève, que des maisons resserrées et des rues étroites ; point de terrains pour servir de chantiers, pour y pratiquer des hangars ; et partout des loyers trop chers pour former aucun grand magasin.