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spéciales (workhouses). tat de réduire de moitié, en peu d’années 1. 6

-chaque mois de refus ou de retard dans l’accomplissement de ce devoir ».

Enfin, en ce qui concerne les enfants, il est dit que « le produit de la taxe paroissiale sera pareillement consacré à payer les frais d’apprentissage des enfants pauvres et à fournir du travail aux enfants dont les père et mère négligent de leur en donner, ou sont dans l’impossibilité de le faire, ou de les élever ».

Le statut d’Elisabeth faisait reposer sur la paroisse seule la charge de l’assistance publique. Cette décentralisation du service et des opérations de bienfaisance produisait, dans la pratique, d’énormes inconvénients l’inégalité du nombre des indigents, suivant les paroisses, faisait que, dans les unes, la proportion des indigents étant considérable, la charge de l’assistance était accablante ; dans les autres, au contraire, à raison du champ plus restreint de la misère, le fardeau était léger. Aussi qu’en résultait-il  ? Les paroisses en arrivaient, par crainte de l’accroissement de la taxe, à expulser les individus ne pouvant justifier de moyens d’existence indépendants (removal). Et comme conséquence forcée de ces mesures, les indigents se trouvaient n’avoir d’asile assuré que sur la paroisse, lieu de leur Naissance (settlement) et devenaient ainsi victimes d’une restriction fort grave et inique quant à leur liberté de travail. Etait-ce seulement la classe indigente qui souffrait de cette sorte de servage de la glèbe  ? Non, mais c’était la prospérité du pays elle-même qui était atteinte ici, surabondance de bras, là, pénurie ; la localisation du travail, poussée à l’extrême, nuisait à la fortune publique.

D’après le même Statut de 1601, une condition était mise à l’obtention du secours par toute personne valide c’était l’obligation de travailler, obligation qui, d’après cette législation, n’avait aucun caractère pénal. A Shelford, comme dans beaucoup d’autres endroits, on avait la coutume de répartir les pauvres valides entre plusieurs fermiers ; .chaque fermier était contraint d’employer un nombre de pauvres en rapport avec l’im- ,portance de son exploitation, qu’il eût ou non besoin de leur travail. Les secours étaient fournis à domicile (out-door relief) par les inspecteurs de la paroisse aux indi- .gents invalides ; aux pauvres valides, lors- qu’on ne pouvait les répartir entre les chefs d’industrie ou d’exploitation, les inspecteurs distribuaient des matières premières propres à être travaillées par eux et, s’ils n’obtenaient t pas l’accomplissement du travail, ils pou- i vaient les emprisonner dans des maisons 1 spéciales (workhouses).

Ce régime produisit les plus regrettables résultats et ne contribua pas peu, malgré l’immense développement industriel de l’Angleterre, à étendre la plaie du paupérisme. En 1834, on comptait 1 assisté sur 10 habitants. De 1750 à 1800, la taxe des pauvres avait quintuplé, pendant que la population ne s’était accrue que de moitié. De 1800 à 1817, cette taxe s’éleva de 95 à 195 millions de francs. En 1820, elle prélevait le huitième du revenu net de la propriété foncière et, en 1834, le sixième. Dans certains districts, les taxes absorbaient plus qu’il ne restait du produit du sol, après payement des frais de culture. Les commissaires nous disent que beaucoup de fermes furent abandonnées et de grands espaces de terre laissés en friche. L’augmentation des charges n’était rien en comparaison des progrès que l’on constatait dans la démoralisation des classes ouvrières et que lord Brougham dénonçait à la tribune de la chambre des lords. La situation d’indigent, en effet, assurait une sécurité absolue d’existence, et même un certain bien-être meilleure souvent que la position, des ouvriers, elle était de celles qu’on ne cherche pas à quitter, et aussi dont la loi était impuissante à faire sortir, pourvu que l’on ne refusàt pas le travail à domicile. Les liens de famille eux-mêmes s’étaient relâchés ; abandonner une femme et des enfants ne pouvait être un crime, puisque la paroisse était là, avec son assistance assurée et ses secours obligatoires « Nos enfants lie sont pas à nous ; ils appartiennent à la paroisse», répondaient certains indigents.

Une réforme s’imposait elle eut lieu en 1834. —Au point de vue financier d’abord, on substitua à la paroisse le groupement de plusieurs paroisses ; on institua des unions de paroisses placées sous le contrôle du gouvernement (local government board). On put ainsi éviter les inconvénients tirés de l’inégalité de proportion des indigentssuivant lesparoisses. Mais la grande réforme de 1834 a consisté dans la substitution du travail avec caractère pénal au travail à domicile. Chaque union de paroisses a son workhouse, destiné à recevoir les indigents valides. Le secours à domicile ne constitue plus que l’exception, et il n’est donné qu’à titre simplement temporaire. Les workhouses, à raison du régime et de la discipline extrêmement sévères qui y sont appliqués et qui, dans une certaine mesure, leur donnent le caractère d’établissements pénitentiaires, à raison de l’obligation à laquelle l’assisté est astreint de fournir un travail pénible, ingrat et non rémunéré, les workhouses, disons-nous, ont eu pour résultat de réduire de moitié, en peu d’années le


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