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ASSURANCE (Étude générale).



I. GÉNÉRALITÉS SUR L’ASSURANCE.


1. L’assurance considérée dans son but, dans ses procédés, dans ses résultats. Définitions.

La notion de l’assurance est multiple et Susceptible d’être très diversement définie, suivant qu’on envisage son but, ses procédés ou ses résultats. On peut voir dans l’assurance un acte de prévoyance, une opération scientifique ou une institution économique elle est à la fois l’un et l’autre et l’on n’en peut donner une notion complète qu’après l’avoir considérée successivement sous ses trois faces.

Et d’abord, l’assurance s’impose un but de prévoyance, celui de procurer la réparation de certains désastres dont l’homme est menacé dans ses biens, sa santé et sa vie. Nous préciserons dès le début la portée exacte de son action, en disant qu’elle ne vise pas toutes les infortunes, mais celles-là seulement qui sont incertaines soit quant à leur réalisation même, soit quant à la date où elles se produiront et dont les conséquences se traduisent par un dommage appréciable en argent. L’assurance d’ailleurs ne peut combattre les désastres qu’elle tend à réparer et, bien qu’elle poursuive la compensation du dommage qui en résulte, elle est impuissante à annihiler ce dommage ou même à le diminuer ; elle se borne à en alléger le poids en en modifiant l’incidence.

La plupart des maux qui nous menacent sont imprévus et irréguliers dans leurs manifestations, c’est ce qui les rend surtout préjudiciables et redoutables. L’assurance les atténue singulièrement en les dépouillant de cette incertitude et de cette irrégularité ; pour cela, elle en divise les effets, les distribue en un grand nombre de doses susceptibles d’être précisées à l’avance et d’un poids presque insensible. On a très heureusement exprimé cette action en disant qu’elle substitue le rapport d’étendue au rapport d’intensité. Ainsi fractionnés, les dommages deviennent faciles à réparer, car il est possible de préparer d’avance les éléments de cette réparation. L’assurance est, de la part de celui qui en use, un acte de prévoyance ; considérée comme institution, elle est une organisation de la prévoyance en vue de remédier à la destruction des capitaux par une cause fortuite.

Pour arriver à ses fins, l’assurance doit s’appuyer sur des lois générales, appliquer des règles, établir des calculs ; aussi l’a-t-on quelquefois présentée comme une science ayant ses principes, sa méthode, ses formules. Cette vue pourrait être discutée ; bornons-nous à constater que l’assurance emprunte aux sciences mathématiques et la base sur laquelle elle s’appuie et les procédés qui lui permettent d’atteindre son but. Nous étudierons plus loin cette base et ces procédés, mais, pour qualifier dès maintenant l’assurance à ce point de vue, nous indiquerons sommairement l’opé-