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propriétaire unique du territoire national le travail individuel déclaré fonction publique et réglé par la loi ; les citoyens seraient répartis en diverses classes et chargés d’une somme de travail exactement pareille les fonctions incommodes seraient remplies à tour de rôle ; le pouvoir social représenté par des magistrats chargés d’équilibrer l’ensemble de la production, de fixer le mouvement de la circulation et du commerce extérieur, de veiller à la répartition faite par rations égales, à chaque citoyen, des produits généraux réunis dans les magasins publics ;interdiction absolue de toute discussion théologique cessation de tout salaire, point de corps privilégié par les lumières, point de prééminence intellectuelle ou morale ; aucun droit, même au génie, contre la stricte égalité de tous les hommes. Toutes les connaissances humaines, tout l’enseignement, se borneraient à apprendre à lire, écrire etcompter, et à quelques notions de la logique, pour savoirraisonner juste ; -enfin, une connaissance suffisante des lois, de la topographie et de la statistique de la république. Tel était le programme de l’éducation commune. Cette limitation du savoir était, aux yeux du comité, la plus solide garantie de l’égalité sociale, par conséquent, défense sévère à la presse d’offrir ou de demander au delà »

C’était là l’unité de mesure, ou, comme on dit vulgairement, l’aune commune à laquelle Babeuf prétendait soumettre toutes les volontés, allonger ou raccourcir toutes les intelligences, tous les besoins, toutes les sciences, tous les arts, niveler, en un mot, les hommes et les choses

Outre les journaux signalés plus haut, Babeuf a encore publié

Cadastre perpétuel, ou démonstration des procédés convenables à la formation de cet important ouvrage, etc. Paris, 1790, in-8. (AvecAudiffrét.) Du système de dépopulation, ou la vie et les crimes de Carrier. Paris, 1794, in-8. Pamphlet réactionnaire contre les terroristes après le 9 thermidor.

Voyez l’article SOCIALISME de ce Dictionnaire, et les ouvrages suivants Conspiration pour l’égalité dite de Babeuf (Bruxelles, 1820, 2 vol. in-8), par Buonarotti, son ami et son complice l’Histoire parlementaire de la révolution française, de Buchez et Roux, tome XXXVII, page 155, l’Encyclopédie nouvelle de Pierre Leroux, les Études sur les Réformateurs, par Louis Reybaud, et l’Histoire du communisme, par Alf. Sudre. Voyez aussi Rapports sur une biographie du communiste picard Babeuf, présenté à la société académique de SaintQuentin, par G. Desmouseaux de Givré. Saint-Quentin, Poëtte, 1886, in-8° et surtout

étaire unique du territoire national Histoire de Gracchus Babeu f. et du babouvisme, individuel déclaré fonction publique

Histoire de Gracchus Babeu f. et du babouvisme, d’après de nombreux documents inédits, par Victor Advielle. Paris, 1884, 2 vol. in-8°.

BACON (François), comte de VERULAM, vicomte SAINT-ALBANS (quelques-uns de ses ouvrages sont signés de l’un ou l’autre de ces noms), grand chancelier d’Angleterre. Né à Londres le 22 janvier 1561, mort le 9 avril 1626. J.-B. Say, dans son Cours complet d’Économie politique, a parfaitement mesuré et indiqué l’action exercée par François Bacon sur le progrès des sciences, directement sur les sciences physiques, et indirectement sur les sciences morales et politiques.

« Il fallut, dit-il, le génie de Bacon pour avertir les hommes des moyens qu’ils avaient de s’assurer de la vérité ces moyens sont les expériences, lorsqu’on peut répéter, à son gré, les faits qu’on étudie, et l’observation lorsqu’on ne peut les étudier qu’à mesure qu’ils nous sont présentés par la marche naturelle des événements. Cependant on resta plus d’un siècle avant de convenir que Bacon avait donné un conseil judicieux, tant il faut que les hommes disputent longtemps contre la raison avant de s’y soumettre ».

Ce n’est point pourtant que personne, avant Bacon, n’ait entrevu le pouvoir de la méthode expérimentale ni préconisé l’induction. On a défini l’induction et on s’en est servi dans l’antiquité même. Tout près de Bacon, sinon avant lui, le médecin William Gilbert avait vanté, dans la préface de son traité de Magnete, la supériorité des expériences sur les conjectures des philosophes, placita philosophorum. Parmi les savants qui honorent la renaissance italienne, l’un, Campanella, malgré toutes ses tendances mystiques ou hermétiques, s’appuie volontiers sur l’observa- tion ; un autre, Bernardino Telesio, voudrait quelesphilosophes écoutassent les révélations d ?s sens, qux sensus patefecerit, et presque elles seules. Or, Bacon ne se défend pas d’avoir subi l’autorité de Telesio. Il s’incline devant lui, au contraire, et le salue, comme « le premier des hommes nouveaux ». Léonard de Vinci, dans ses Mémoires scientifiques, a recommandé etpratiqué l’induction. Copernic, Keppler, Galilée et même Tycho-Brahé, les grands astronomes des xveetXVIe siècles, sont de grands inductifs et, si l’on osait le dire, « des inductifs en grand ». La graine qui vient d’Italie trouvera le champ anglais propice et préparé. Qu’un pauvre curé du Trentin, Giacomo Conzio, se réfugie en Angleterre ; qu’il y apporte son opuscule De Methodo sive recta via. (De la Méthode ou de la droite voie à suivre dans la recherche et l’enseignement des sciences et des arts), il est sûr d’être écouté et compris.


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