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François Bacon a mérité de marquer dans la pensée humaine à laquelle il a ouvert ou tout au moins indiqué de nouvelles voies qui, celles-là, n’aboutissent pas à l’abîme de l’abstraction et au vide de l’hypothèse. Il a eu de la science et du monde une conception pratique, conception qui n’est nullement d’un poète, qui est peut-être d’un philosophe, qui est certainement d’un politique et d’un jurisconsulte, qui est presque d’un économiste. CHARLES BENOIST.

On a, sur la vie agitée de Bacon, un nombre considérable de travaux tant anciens que modernes, sans compter l’autobiographie qu’on peut extraire de sa correspondance et de ses ceuvres. Nous citerons seulement la notice de WILLIAM RAWLEY, secrétaire et chapelain du chancelier, Nobilissimi auctoris vita, opusc. var. posth. Londres, 1658. THOMAS TENISOS, Baconiana. Londres, 1679. JOHN AUBREY, Lives of eminent men, 1813. LORD CAMPBELL, Études sur Français Bacon et Nicolas son père, 1846. V. L’introduction que M. BASIL MONTAGU a mise en tête de son édition (1834) et surtout le long et bel article que cette introduction a suggéré à MACAULAY, qui lui a fait une place dans ses Critical and historical Essays. (Voy. la traduction de M. Guillaume Guizot, Essais politiques et philosophiques. Paris, 1862). En France, on peut citer l’ouvrage de l’abbé EMERY, Christianisme de Bacon. Paris, an VII. Les deux volumes de M. DE VAUZELLES, Histoire de la vie et des ouvrages de Bacon, 1833. Les notices de N. BOUILLET, 1834, et de F. RIAUX, 1845. M. CHARLES de RÉMUSAT a consacré à Bacon un de ses mielleurs livres, Bacon, sa vie, son temps, sa philosophie et son influence jusqu’à nos jours. Paris, 1862 ou 1863 (la troisième édition est de 1877).

La meilleure édition des œuvres de Bacon est l’édition anglaise de Spedding, Ellis et Heath. Outre les études biograhpiques citées plus haut, on pourra encore consulter utilement quelques chapitres de COUSIN, de DAMIRON, et aussi d’un allemand, M. KUNO FISCHER, F. Baco von Verulam, die Realphilosophie und ihr Zeitalter. Leipzig, 1856. BADE (Charles-Frédéric, margrave, puis électeur, puis grand-duc de) né à Carlsruhe le 22 novembre 1728, succéda en 1738 à son aïeul Charles-Guillaume et mourut en 1811 après 73 ans de règne. Ce prince, très éclairé et très prudent, assura par tous les moyens le bien-être de ses sujets. Père attentif et soucieux de l’instruction de ses enfants, il résuma sous forme de tableaux synoptiques, pour le prince héréditaire son fils, les principes de la science économique.

Cet opuscule de 51 pages parut pour la première fois en 1772 dans les Éphémérides du citoyen (1772, t. Ier) sous le titre d’Abrégé des principes de l’économie politique. La publication était précédée d’une préface de Du Pont de Nemours, qui nommait l’auteur. « La forme de cet ouvrage, dit à ce propos Du Pont de Nemours, qui tient et de celle des arbres généalogiques et de celle des inscriptions lapidaires, décèle l’originalité du génie même dans l’abrégé d’une doctrine et de quelques écrits déjà connus ». La doctrine dont il est ici question est celle de Quesnay ;

Bibliographie.

les écrits auxquels il est fait allusion sont

ceux du marquis de Mirabeau, dont l’auteur

a surtout résumé les Économiques.

Cette brochure qui, par la forme qu’elle re-

vêt, ne peut avoir aucune prétention littéraire,

est en réalité un tableau sommaire assez

bien fait des principes les plus saillants du

système de Fr. Quesnay. Eugène Daire,

dans une notice sur la brochure,, nous dit

qu’il y a lieu de croire que Du Pont de Ne-

mours, très lié avec le margrave de Bade, prit

part à la composition de ce livre.

L’Abrégé des principes de l’économie poli-

tique a été publié une seconde fois à Bâle en

1773. Il se trouve aussi dans la Collection des

principaux économistes (Physiocrates, t. II,

page 367) avec la notice de M. Eugène

Daire indiquée plus haut.

BAGEHOT (Walter), né à Langport le 3 fé-

vrier 1826, mort à Calcutta en mars 1877),

appartient à l’école de Ricardo. Il a exposé les

idées des économistes anglais orthodoxes avec

beaucoup de lucidité, mais sans y rien ajouter

de nouveau. Il a peut-être insisté plus encore

que ses prédécesseurs sur le caractère exclu-

sivement national de la science économique.

A ses yeux, l’économie politique ne s’appli-

querait qu’aux pays où le grand commerce

existe et où le système de la concurrence libre

a été mis en vigueur. Ces conditions sont réa-

lisées en Angleterre plus que dans les autres.

États, les tendances de l’économie politique

y sont donc approximativement vérifiées.

Le seul ouvrage théorique de Bagehot sur

l’économie politique n’a pas été terminé. On

a publié après sa mort (1880) un .volume

intitulé Économic studies ; ce sont des essais

retrouvés dans ses papiers. Les deux pre-

miers chapitres seulement sur la portée de

l’économie politique ont paru de son vivant.

dans une revue anglaise. Les études sur les-

économistes sont fragmentaires, il y a des

omissions et des redites, mais les traits carac-

téristiques de Smith, de Malthus, de Ricardo,.

sont saisis avec beaucoup de relief. On re-

trouve dans ces pages le charme littéraire.

que Bagehot savait donner aux questions les

plus arides ; c’était un véritable écrivain. Dès

ses débuts il avait pris place au premier rang

des critiques anglais. Ses premiers articles

dans la Prospective Review et la National

Review attirèrent l’attention par l’éclat du

style, l’originalité de la pensée.

Tout en poursuivant ses travaux littérai-

res, Bagehot-consacrait une grande partie

de son temps aux affaires. En. 1852, il entra

dans la banqué du Somersetshire, dont son

père était vice-président ; par la suite il lui

succéda dans cette fonction.


BAGEHOT