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DU COMMERCE 117 BALSAMO

Il y a d’autres circonstances qui contribuent, peut-être plus fréquemment et plus puissamment encore que les besoins imprévus de certaines denrées, à détruire momentanément l’équilibre entre les importations et les exportations. Ces circonstances se rapportent à la circulation même des espèces métalliques, à l’étendue des besoins et aux altérations qui surviennent dans le marché monétaire. Tout pays a besoin d’une certaine quantité d’espèces monnayées pour le service de ses échanges et il en possède ordinairement tout ce que l’état de sa circulation en réclame. Mais les besoins en ce genre sont très variables. Ils varient d’abord considérablement d’un pays à l’autre ; ils varient en outre très fréquemment dans le même pays. Et quelle est la cause de ces variations  ? C’est ordinairement l’état du crédit qui rend plus ou moins nécessaire l’emploi de la monnaie effective dans les transactions commerciales. En Angleterre, par exemple, où l’usage des billets de banque et des chèques est général, où non seulement tous les commerçants ou industriels, mais encore les cultivateurs et les particuliers opèrent leurs transactions avec des lettres de change et des chèques, où il existe, depuis si longtemps, dans toutes les villes, cette utile institution des clearing houses à laquelle nous sommes encore réfractaires en France, il s’effectue journellement une masse incalculable d’échanges avec une quantité de numéraire relativement assez faible. La France, moins bien partagée à cet égard, emploie, pour la même somme de transactions, des quantités de monnaie beaucoup plus fortes. Or, de même que l’emploi plus ou moins fréquent des moyens de crédit établit une différence très marquée d’un pays à l’autre, quant à l’étendue des besoins en numéraire, de même, dans l’intérieur d’un pays. donné, les besoins en ce genre varient d’un moment à l’autre, selon les fluctuations qui surviennent dans l’état du crédit. Que le crédit s’altère sous l’influence d’une perturbation quelconque, immédiatement les besoins en numéraire augmentent. Que le crédit se remette, aussitôt ces besoins extraordinaires diminuent. Dans l’un et l’autre cas, la balance du commerce extérieur se ressent de ces variation ; toute demande nouvelle de numéraire se manifestant aussitôt par un accroissement de l’exportation, de même que la cessation de ce besoin momendu budget de 1875. On verra notamment que le payement de L’indemnité de guerre n’a pas exigé un déplacement de numéraire aussi considérable qu’on aurait pu le croire. M. Léon Say estime que la perte totale pour le stock métallique de la France n’a pas dépassé 700 millions. La majeure partie de l’indemnité a été payée en traites et en valeurs étrangères.

tané entraîne bientôt un accroissement de l’importation. Cette circonstance, trop peu observée, est même la cause la plus ordinaire et la plus déterminante des oscillations qui se remarquent dans la balance du commerce. 5. Conclusion.

Est-ce à dire cependant qu’il faille ne tenir aucun compte des indications fournies par ce qu’on appelle assez improprement la balance du commerce  ? Il fut un temps où ces indications tenaient une place trop considérable dans l’esprit de certains économistes qui fondaient sur ces données forcément incomplètes toute leur doctrine. Les prémisses étant fausses, la conclusion ne pouvait être exacte. On a réagi contre ces tendances absolues, mais il est permis de penser que la réaction a été peut-être trop violente. On a affecté de prendre le contre-pied des partisans du système mercantile et on a été jusqu’à dire que l’exportation pour un pays était un symptôme de décadence et que l’importation était en raison directe de la fortune publique. Présentée en termes aussi absolus, cette thèse n’est pas acceptable. Si inexactes que puissent être les évaluations douanières, ,on y trouve cependant une foule de renseignements qui peuvent éclairer sur la puissance de production d’un pays et sur les manifestations de son activité. D’ailleurs, les erreurs étant pour ainsi dire constantes, il est facile de les atténuer ou de les corriger par le raisonnement il y a un juste milieu à trouver. Dans tous les cas, il faut, en consultant les résultats de la balance du commerce, partir de ce principe que si, au point de vue purement statistique et commercial, ces résultats présentent un réel intérêt, ils ne.sauraient donner qu’une idée incomplète et inexacte de la situation économique d’une nation, ou tout au moins qu’ils n’ont pas sur la marche de la richesse publique l’influence qu’une certaine école économique a voulu leur attribuer.

GEORGES MICHEL.

BALSAMO (abbé Paul), né à Termini (Sicile) en mars 1763, mort à Palerme en 1818. Agronome et économiste, il obtint au concours la chaire d’agriculture à l’université de Palerme, et reçut une mission pour la Lombardie, la France et l’Angleterre, où il se lia avec Arthur Young qui a publié de lui, dans les Annales d’agriculture, plusieurs Mémoires. De retour à Palerme, il reprit son cours d’agriculture politique, agriculture théorique et agriculture pratique, s’attachant à démontrer quelles sont les causes politiques qui nuisent à l’agriculture. Bibliothécaire du roi d9


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