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compte-courant embrasse et résume toutes sent leurs dépôts, selon les circonsta

Le compte-courant embrasse et résume toutes les opérations du banquier avec son client. C’est l’enregistrement sur un livre spécial, qui s’appelle compte-courant, des recettes, des payements et des transactions que le banquier fait journellement pour ses clients. Les comptes-courants se composentde trois éléments au plus recouvrements, escomptes et dépôts, donnant lieu à des commissions de recouvrements, à un compte d’ escompte et au compte d’intérêts réciproques sur les sommes dues et versées, qui est plus spécialement appelé compte-courant les intérêts réciproques sont le plus souvent à un taux différent plus élevé au profit du banquier qu’à celui du client.

L’encaisse d’un banquier est la somme disponible entre ses mains en monnaie légale ayant cours, pour les besoins de ses opérations journalières.

Toute banque, tout banquier, recevant des dépôts exigibles sur demande et à vue, doit avoir une encaisse capable de faire face aux remboursements qui peuvent lui être demandés par les déposants. Il lui faut donc établir et conserver toujours une proportion normale entre son encaisse disponible et le montant total de ses dépôts à vue.

Sa position vis-à-vis de ces dépôts est différente de celle de la banque d’émission vis-àvis de la circulation de ses billets. Les billets de banque sont bien remboursables sur demande, mais la demande de conversion des billets est normale et sujette seulement à des fluctuations dont on peut prévoir le retour, tandis que diverses causes extraordinaires, personnelles au déposant, ou générales, comme une catastrophe publique, une panique politique ou commerciale, ou la mise en suspicion du crédit d’une maison, peuvent déterminer les déposants au retrait soudain et total de leurs capitaux.

Pour les exigibilités provenant delà circulation des billets de banque, on a cherché quelquefois à déterminer par la loi et d’autres fois par des règlements ou des usages la proportion régulière qu’il est bon d’établir entre l’encaisse et les billets. Pour les dépôts, les banques particulières et les sociétés de crédit doivent observer une règle analogue, mais dont la proportion doit être établie dans des conditions différentes. En Angleterre, la proportion minima de la réserve monétaire aux dépôts est, pour les grandes banques, du cinquième seulement, car le public a l’habitude de laisser en dépôt chez les banquiers la presque totalité de ses fonds et de ses épargnes. En France, la proportion est beaucoup plus forte elle varie selon le genre d’affaires dans lesquelles les banques utili-

sent leurs dépôts, selon les circonstances du marché, les prévisions de crise, etc., mais il n’y a pas de règle fixe.Nos grandes sociétés de crédit gardent comme encaisse, d’après toutes ces considérations, des réserves d’or et de billets de banque variant environ du tiers à la moitié des sommes déposées.

La garantie la plus sérieuse pour le rem-

boursement des dépôts à vue c’est, après l’existence de l’encaisse disponible, le mode de placement de l’argent de ces dépôts. Les emplois qui conviennent à ces capitaux sont ceux à court terme, en effets de portefeuille de premier choix, ou, en cas de surabondance des dépôts, en bons du Trésor, en rentes ou en valeurs industrielles ; ces deux derniers placements rapportent un intérêt plus élevé et sont d’une réalisation immédiate en cas de besoin ; mais ils peuvent aussi donner des mécomptes en cas de revente, car ils sont exposés à toutes les fluctuations de cours que des accidents politiques peuvent causer sur le marché.

Cette question du placement des fonds

reçus en dépôt explique les différences de l’intérêt que le banquier alloue selon que les capitaux qui lui sont confiés sont remboursables à vue, à six mois, un an, deux ans et plus. La productivité et l’utilisation de ces capitaux sont mieux assurées pour les dépôts à terme, et l’intérêt que peut payer le banquier aux déposants dépend et de l’échéance des dépôts et du genre d’affaires dans lesquelles il les utilise.

4. Caractères et conséquences des opérations de banque moderne.

Il est des faits qui, au point de vue histo-

rique, caractérisent une époque, soit qu’ils témoignent d’une modification sensible de l’esprit public, soit qu’ils attestent une transformation de mœurs progrès, relèvement ou décadence, soit enfin qu’ils révèlent un état simplement transitoire, ou annoncent une évolution politique, sociale ou économique qui doit s’accomplir dans un avenir plus on moins éloigné. Les développements successifs des banques et de leurs opérations dans la seconde moitié de ce siècle sont un des grands phénomènes économiques de notre époque. On ne pourrait nier l’essor prodigieux que

le crédit public a pris en France l’influence des capitaux, l’extension de la fortune mobilière lesbesoins d’argentqui se sontrévélés d’une part, et, d’autre part, la quantité de ressources qui se sont rencontrées pour y faire face ; l’infinie diffusion des effets publics et des valeurs de bourse, même les moindres et, par contre, l’active concentration des capitaux qui a créé de nouvelles puissan-


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