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tres établissements, quelles que qui de nos jours pourrait enrichir une ba

Les autres établissements, quelles que soient d’ailleurs leur ancienneté, leur puissance et leur solidité, inscrivent presque tous, soit dans leurs statuts, soit dans leurs circulaires et leurs annonces, un programme à peu près identique. Ces sociétés paraissent avoir les mêmes objets

1° Elles escomptent le papier de commerce sur la France et sur l’étranger

2° Elles prêtent sur titres, rentes, obligations et actions françaises et étrangères, cotées ou non cotées à la Bourse de Paris 3° Elles ouvrent des crédits sur garanties et hypothèques ;

4° Elles délivrent des traites et des lettres de crédit sur tous pays

5° Elles reçoivent les titres en dépôt, encaissent les coupons, se chargent de l’exécution des ordres de bourse, reçoivent sans frais les demandes de souscriptions, donnent des renseignements sur toutes les valeurs et sur tous les tirages.

A quelques variantes près, tel est bien le programme officiellement connu et annoncé de toutes ou presque toutes les banques et sociétés financières par actions.

Ce n’est donc pas par ce programme commun qu’on peut apprécier les différences profondes qui distinguent les sociétés depuis longtemps en possession de la confiance publique, de celles qui justifient dans une moindre mesure ou même ne méritent nullement la faveur des capitalistes.

Mais enfin les opérations mentionnées dans ce programme donnent-elles des bénéfices réels, suffisants  ?

Nous n’hésitons pas à affirmer, du moins pour un très grand nombre de ces banques plus ou moins sérieusement fondées, que si elles se limitaient strictement à ce genre d’affaires, elles couvriraient à grand’peine leurs frais généraux et dépenses d’administration. Prenons ces opérations à la suite les unes des autres. L’escompte des effets de commerce

 ? Lorsqu’une maison de banque gagne 

1/8 à 1/4 p. 100 sur les effets qu’elle escompte, elle obtient tout ce qu’elle pouvait espérer. Par.chaque million d’effets qu’elle aura escomptés, elle gagnera 1,250 francs si elle a reçu 1/8 p. 100, 2,500 francs si elle a reçu 1/4 p. 100. Que parmi ces nombreux effets escomptés et payés il s’en trouve un seul qui revienne protesté à l’échéance, voilà un bénéfice bien compromis. Et puis, que de mal, que de risques, que de travail ! Quel personnel il faut employer et pour se renseigner sur la solvabilité de certains clients, et pour faire enregistrer les effets, et pour les présenter à l’encaissement

Ce n’est donc pas ce genre d’opérations

qui de nos jours pourrait enrichir une banque ayant un gros capital social, un personnel nombreux à rémunérer et un conseil 3 d’administration toujours fort coûteux. A moins d’être la Banque de France, ou l’un t des rares établissements qui centralisent les effets commerciaux de la France entière, qui sont comme le grand réceptacle des traites, lettres de change, effets du pays tout entier, on peut dire que les opérations d’escompte font courir plus de risques et perdre plus d’argent qu’elles ne procurent de bénéfices. 3 Les avances sur titres rapportent-elles beaucoup aux établissements qui s’y livrent  ? s Fort peu. Il est impossible, en effet, de prêter à un taux supérieur à celui de la Banque de France ; depuis plusieurs années, le taux des prêts sur titres à la Banque a été s bien plus souvent inférieur à 4 et 4 1/2 p. t 100 que supérieur à ce dernier chiffre. t Quand un établissement financier se crée, il promet de payer au moins 5 p. 100 d’ine térêt fixe à ses actionnaires, sans compter le é dividende éventuel. Quel avantage une bant que a-t-elle à immobiliser à 4p. 100 d’intérêt des capitaux qu’elle emprunte à 5 p. 100 à ses propres actionnaires  ? Il est vrai de dire que s ces banques, recevant en dépôt des fonds auxs quels elles payent seulement 1/2, 1 p. 100, 2 ou 3 p. 100 d’intérêt, peuvent employer une pare tie de ces fonds en prêts sur titres et gagner ainsi la différence d’intérêt entre le taux emprunté et celui auquel les prêts ont été cons sentis.

s C’est par millions et millions qu’il faudrait effectuer ce genre d’opérations pour y s trouver quelques bénéfices, et encore ces bénéfices ne sont-ils pas suffisants pour couvrir les responsabilités et les risques.

F- En employant ainsi les fonds qu’elle reçoit en dépôts ou en comptes-courants, une banque reste toujours exposée, en temps de crise, IS aux réclamations soudaines des déposants, l- tandis qu’elle-même peut se trouver dans le l’impossibilité de réclamer et de recouvrer, avant l’échéance convenue, le montant des r. avances consenties. Elle est de plus exposée aux conséquences de la baisse qui peut se a produire sur les titres qui ont été l’objet de u ces avances ; dès lors son gage diminue de valeur.

Ce que nous disons des avances sur titres peut se dire aussi des avances sur garanties l, ou hypothèques. Ce sont là des immobilisar- tions.de capitaux peu productives.

er La délivrance de lettres de change et de crédit s’effectue, en général, à des conditions tellement modérées, qu’elle ne peut être une cause d’augmentation bien sensible dans le compte de profits et pertes des banques. Il


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