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dres BLOCUS CONTINENTAL 201 BLOCUS CONTINENTAL en conseil sont fondés sur un principe veuille poser en principe que les privilèges, dres en conseil sont fondés sur un principe inadmissible en lui-même et qu’ils attaquent une des sources de la prospérité commerciale de son pays. Le trafic de port en port va devenirimpossible aux navires danois. La Méditerranée, dans sa plus grande partie, leur

sera fermée. Ils ne pourront plus, sans crainte de confiscation, se rendre du littoral hollandais au littoral français, des côtes de l’Italie à celles de l’Espagne, des villes hanséatiques aux ports de la Méditerranée. D’autre part, les Danois seront forcés de renoncer à leur commerce direct avec la plupart des ports européens. Ainsi, après avoir vendu les produits de leur pays, des planches, du poisson ou du blé, dans un des ports du Nord, de la Hollande, de la France ou de l’Espagne, ils seront forcés de revenir en lest, parce qu’on ne leur permettra pas d’aller chercher, dans les ports méridionaux de ces contrées et dans les ports d’Italie, les produits dont les pays du Nord ont besoin et qui seuls procurent assez de bénéfices pour couvrir les frais du voyage. S’ils veulent se procurer du sel, des vins, du cognac et de l’huile, il leur faudra en général partir, en lest, des ports danois, pour aller prendre cesproduitsdans les ports de la Méditerranée, à moins qu’ils ne préfèrent renoncer complètement à un trafic qui ne sera dorénavant qu’une spéculation ruineuse. M. Rist invoque les intérêts légitimes, le droit des gens, le respect des traités. Les droits du Danemark seront sacrifiés à « des représailles contre une tierce puissance, dont la Grande-Bretagne ne semble que trop disposée à suivre l’exemple, en subordonnantles stipulations des traités et les rapports pacifiques entre les États à un droit de guerre, dont le principe est indéfini, dont l’étendue est illimitée, dont les conséquences sont incalculables, mais qui ne peut influencer ni

engager en aucune manière une puissance neutre, indépendante, protégée par des traités solennels et tout récents.

« Le soussigné, ajoute M. Rist, a reçu l’ordre formel de déclarer que la cour de Danemark regarde le droit de représailles, sur lequel sont basés les ordres en conseil de Sa Majesté Britannique, comme absolument inadmissible tant dans son principe que dans

ses conséquences. Pour établir un tel droit, il serait nécessaire de commencer par détruire les premières notions du droit public. Il faudrait poser en principe que chaque État a le droit de renoncer arbitrairement à tous ses engagements et de se dégager de ses conventions solennelles, conclues avec un autre État, sans autre raison que le changement survenu dans la nature de ses rapports avec une troisième puissance. Il semble que l’on veuille poser en principe que les privilèges, les intérêts et les possessions d’une nation neutre sont à la merci d’une autre nation liée avec elle par des traités, à partir du moment où cette autre puissance, soit par suite des évènements, soit de sa propre autorité, est engagée dans une guerre ne concernant en rien la nation neutre. L’incohérence évidente et la fausseté de semblables raisonnements ne pourraient trouver leur contre-poids que dans la considération des conséquences fatales qui en résulteraient pour la société. Il ne saurait échapper à la pénétration des ministres de Sa Majesté Britannique qu’un principe qui subordonne les rapports réciproques et les obligations mutuelles de deux pays à des actes quelconques d’un tiers, ou, à. mieux dire, qu’un principe qui ferait de l’état de guerre l’arbitre suprême de la société humaine, qu’un tel système détruirait les bases mêmes de la société, qu’il donnerait ouvertement une sanction au droit du plus. fort, et que finalement il amènerait l’anarchie universelle.

« Le soussigné a reçu l’autorisation et l’ordre de déclarer de la manière la plus formelle que la cour de Danemark ne saurait consentir, à aucun degré, aux ordres en conseil de Sa Majesté Britannique, ni permettre que ses navires subissent le traitement qui y est indiqué. »

D’autre part, les États-Unis, à cette époque, faisaient un commerce considérable avec l’Europe. Ils étaient les meilleurs clients de la Grande-Bretagne, à laquelle ils fournissaient des matières premières, coton, bois, sucre, tabac, etc., pour une centaine de millions, tandis qu’ils lui prenaient 300 ou 400 millions en produits fabriqués qu’ils importaient en Europe. Or, les ordres en conseil frappaient de prohibition les articles qui composaient les cargaisons américaines, et ils exigeaient que ces cargaisons fussent débarquées dans un port anglais pour y être visitées et soumises aux droits de la douane anglaise. Par suite de ces mêmes ordres, les navires américains lie pouvaient pas entrerdans un port français après avoir quitté l’Angleterre, ni revenir sur leur route en quittant la France. Bref, on voit que l’Angleterreavait involontairement supprimé les deux tiers de son commerce avec l’étranger et s’était privée d’un allié qui aurait transporté ses marchandises dans toutes les parties du globe. Ce ne fut pas tout. Les États-Unis ripostèrent en mettant l’embargo sur tous les navires anglais qui se trouvaient dans les ports américains. En 1812, la guerre éclataentre les deux puissances. Cette guerre dura trois ans. A la conclusion de la paix, l’An-