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BOURGEOISIE 214 BOURGEOISIE

Louis XIV, etc., etc. Londres, 1727, 1 vol. infolio. Londres, Wood et Palmer (Rouen), 1737, 6 vol. in-12. L’édition la plus estimée est celle de Londres, 1752, 8 vol. in-12 BOULANGERIE. V. Commerce de l’alimentation. BOURGEOISIE. C’est peut-être le caractère le plus essentiel de la bourgeoisie qu’on ne puisse donner d’elle une définition bien rigoureuse depuis qu’il n’y a plus ni ordre de la noblesse, ni ordre du clergé, ni ordre du tiers état, mais une même nation, une seule société. Si l’on décompose, en effet, même superficiellement, les éléments qui se placent sous

le titre commun de bourgeoisie, comme haute, moyenne et petite bourgeoisie, bourgeois fonctionnaires publics, bourgeois exerçant des professions libres, bourgeois capitalistes, fabricants, commerçants, à tous les degrés que ces mots comportent, bourgeois par héritage et bourgeois fils de leurs œuvres, etc., on se trouve en présence d’une classe tellement diverse par ses origines, tellement complexe par ses éléments, tellement ouverte, tellement mobile, que, bien loin de lui infliger le nom de caste, celui même de classe semble déjà une appellation bien uniforme pour désigner des catégories si variées. Mais il est un second fait à remarquer, c’est que cette diversité n’est pas le désaccord, et que la variété cache l’harmonie. Où la politique de parti imagine une opposition radicale, la science découvre une solidarité essentielle. La preuve de cette harmonie des intérêts et des classes pourrait se faire directement par l’économie politique tout entière dont elle est un des résultats fondamentaux. Nous nous proposons dans cet article une tâche plus restreinte c’est le passé économique de la bourgeoisie qui en fera l’objet spécial. Nous voulons montrer, en mêlant un peu ces deux idées qui expriment elles-mêmes des faits simultanés : 1° comment, avant que la science économique songeàt à se formuler, le tiers état en avait pour ainsi dire porté dans son sein et peu à peu développé les éléments dans le travail et la richesse ; 2° comment, à travers des progrès successifs, il s’était lui-même élevé à la conception, à la revendication de la liberté et de l’unité économiques, jusqu’au jour où il en fit une

science avec les économistes du dix-huitième siècle et un fait avec la révolution de 89 ; cela, sans acception de classe supérieure et de classe inférieure, sans égoïsme de catégories exclusives qui n’ait cédé du moins à l’action réformatrice de la bourgeoisie ellemême prise en masse

V, etc., etc. Londres, 1727. 1 vol. in- Au point de départ comme au terme d idres, Wood et Palmer (Rouen), 1737, développement de la bourgeoisie, nous ren Au point de départ comme au terme du développement de la bourgeoisie, nous rencontrons la liberté et le travail.

La vie municipale fut le berceau et la première école de la classe moyenne à l’époque de la chute de l’empire romain. Dans ces temps de spoliation et de violence, une somme réelle de libertés communales subsiste au cinquième siècle au sein des villes. Malheureusement elles commencent alors et continuent jusqu’au dixième un mouvement de

décadence provoquée par l’établissement des vainqueurs barbares dans les campagnes. Le tiers état s’abaisse à mesure que la féodalité s’élève comme classe, il compte à peine pourtant, loin de dépérir, il se recrute et multiplie. Une société ne se passe jamais complètement d’industrie quand la féodalité eut commencé à prendre son assiette, elle-même ne demeura pas sans en sentir le besoin. Des agrégations d’hommes libres se fixèrent peu à peu autour du château féodal ; nouvelle source du tiers état ajoutée aux villes gallo-romaines ; origine de hameaux, de bourgs et de villes nouvelles. Voilà le modeste point de départ de la bourgeoisie. Elle doit donc son existence, elle devra son affranchissement, ses accroissements, son influence, sa e prépondérance enfin, à son énergie, à son s activité utile. C’est par là que cette classe e seule a vraiment une histoire économique qui se développe, au lieu d’une organisation e qui s’immobilise et s’altère.

a Le privilège est la condition universelle au moyen âge. Fondement politique et écono,t mique des autres classes, il ne fut pour la r bourgeoisie qu’un vêtement pour ainsi dire, e ou plutôt il fut comme une armure contre les attaques de la féodalité constituée et envahissante. Il ne fut pas pour elle une usurpation de la force ou de la ruse, mais une nécessité de défensive.

n Par la commune, institution moitié civile, moitié guerrière, la cité, comme un camp du travail, se constitua, se retrancha. Bourgs et villes se séparèrent du domaine privé, s’émancipèrent de la protection abusive et ruineuse du manoir féodal. Mais rien ne s’opère dans e la société sans que les transactions interviens, nent ou soient du moins essayées. Quand il ne la réclama plus d’énormes tributs, la lance au o- poing, sur ses vassaux devenus plus nom le breux et plus forts, le baron ne céda pas le pour cela ce qu’il appelait ses droits de propriété sans conditions ; ces conditions étaient et des redevances en argent ou des services en é- nature. Alors les bourgeois durent lutter à avec lui pour la franchise des ponts, des poretes, des marchés, pour la taxe sur les fours, les moulins, les eaux ; pour le droit de bâtir