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la spéculation peut opérer au comptant. qui empruntent de l’argent sur leurs titres est que la spéculation peut opérer au comptant. L’attrait que les capitaux disponibles trou- c vent dans les opérations de prêt sur nantissement, la rémunération que rencontre

le détenteur du titre dans le prêt de ces titres contre argent permettent à la spécula- v tion de prolonger ses opérations au delà du 1 terme.

Afin de limiter ses risques, la spéculation s se sert d’un procédé fort ingénieux. Moyennant le payement d’une certaine somme en rapport avec la valeur des titres qu’elle vend ou qu’elle achète, la spéculation se réserve le droit de renoncer à l’opération au moment < du terme.

Le détenteur du titre qui vend à prime a ( l’avantage de réaliser un cours supérieur à celui du moment, ou bien, si la prime lui est abandonnée, le prix d’achat de son titre est diminué d’autant.

La spéculation pratique également ce qu’on appelle la double prime, c’est-à-dire que, moyennant une somme relativement plus élevée, la spéculation a le droit de livrer ou de demander livraison des titres. La presque totalité des ventes ou des achats à terme est faite sans que, de part ni d’autre, on ait l’intention de livrer les valeurs qu’on vend ou de prendre livraison de celles qu’on achète. Ce sont de simples paris qui auront des effets à une époque déterminée. Tout se règle à la fin du mois par des différences payées ou reçues.

L’acheteur a toujours néanmoins le droit d’escompter ou, en d’autres termes, de demander à sa volonté la livraison de ce qu’il a acheté en prévenant trois jours d’avance. Dans ce cas, les vendeurs à découvert sont forcés de se procurer réellement les titres et, si les ventes ont été nombreuses, il en résulte subitement une forte demande qui peut produire une hausse d’autant plus rapide que la masse des titres en circulation est plus faible.

Il est beaucoup de vendeurs qui cherchent à échapper à la nécessité de subir sans retour une forte perte, en prolongeant leur opération, en la reportant d’un mois à l’autre, c’est-à-dire qu’ils revendent pour la fin du mois prochain ce qu’ils ont été forcés d’acheter immédiatement, dans l’espérance qu’une nouvelle baisse les indemnisera du sacrifice présent. C’est un véritable emprunt de titres qu’ils font contre le payement de leur valeur, et si ces demandes d’emprunt sont très fortes, il arrive que les détenteurs de titres, au lieu de payer un intérêt pour l’emploi de l’argent qu’on leur laisse pendant un mois, se font au contraire payer une prime. C’est cette prime qu’on appelle déport. L’intérêt payé par ceux qui empruntent de l’argent sur leurs titres est ce qu’on nomme report.

Si l’on a vendu à découvert beaucoup plus de titres qu’il n’y en a entre les mains des détenteurs ou des acheteurs, il peut arriver un moment où il n’y a ni achat ni emprunt possibles ; on se trouve alors à la discrétion des acheteurs, s’ils sont assez puissants, assez riches pour escompter, c’est-àdire pour prendre livraison de tous les titres en circulation.

Les capitalistes avisés qui prévoient des complications politiques et qui redoutent une crise économique vendent parfois une valeur qu’ils ne possèdent pas et qu’ils croient susceptible de baisser dans de fortes proportions, afin de trouver dans le bénéfice qu’ils pourront réaliser à la baisse une compensation à la dépréciation de leur portefeuille. C’est ainsi, par exemple, que les capitalistes anglais ont, pendant longtemps, vendu à découvert des fonds russes afin de se constituer une assurance contre la baisse possible des consolidés, dés fonds coloniaux, etc. Le prix des valeurs cotées à la Bourse y est déterminé par la loi de l’offre et de la demande, mais celle-ci subit certaines modifications inhérentes à l’essence même du crédit. L’opinion que l’on a de la solidité du placement influe davantage ici. En effet, non seulement ceux qui veulent placer leurs capitaux se trouvent en présence de gens qui cherchent à vendre des titres qu’ils ont en portefeuille, mais il intervient encore toute une catégorie de personnes qui veulent vendre ou acheter dans l’espoir d’une hausse ou d’une baisse, qui n’ont aucunement l’intention de mettre des titres en portefeuille, ni la possibilité de livrer des titres qu’ils ne possèdent pas.

L’opinion que les spéculateurs entretiennent relativement la situation politique, budgétaire et économique d’un État, aux chances de prospérité d’une entreprise, à la facilité qu’ils auront à se procurer des capitauxpour continuer les opérations à la hausse, les déterminent à agir dans un sens ou dans un

autre, et le poids de leurs opérations vient s’ajouter aux ventes et aux achats de l’épargne. Dès que les transactions ont pris de l’importance à la Bourse, la nécessité s’est imposée d’enregistrer le cours des valeurs, de noter le prix auquel les transactions avaient eu lieu, afin de fixer la valeur courante. C’est ce qui a déterminé la création de la cote ou liste des valeurs dont les cours sont constatés et annoncés publiquement chaque jour et qui y sont inscrits officiellement moyennant certaines conditions.