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L’intervention de l’

L’intervention de l’État s’est produite à cet égard de différentes manières. Sa tutelle aété plus ou moins étendue. Tantôt il a eu la prétention de protéger le public en réglementant la profession des intermédiaires tantôt il s’est préoccupé des valeurs qu’il fallait ou non admettre à la cote.

Il a ainsi engagé sa responsabilité vis-à-vis du public et, comme cette tutelle est rarement efficace, comme il est difficile à un fonct.ionnaire d’apprécier la valeur intrinsèque des obligations pour lesquelles on vient solliciter le visa gouvernemental, cette tutelle a été plus apparente que réelle. Dans beaucoup de pays, c’est aux délégués du commerce, aux comités élus de la Bourse et aux Chambres de commerce qu’incombe le soin de décider s’il faut admettre telle ou telle valeur à la négociation et à l’inscription à la cote.

Dans quelques pays, des charges fiscales très lourdes restreignent l’activité des transactions et limitent l’importance des transactions de la Bourse. Par exemple, la Bourse de Berlin doit en grande partie son essor à ce que l’admission à la cotey est gratuite, tandis qu’à Paris elle entraîne le payement de droits considérables.

Les capitaux qui viennent s’employer en placements temporaires à la Bourse proviennent en partie des dépôts que des particuliers ont dans des banques ; celles-ci, en dehors de l’escompte, s’efforcent de réaliser un placement rémunérateur, en même temps qu’un emploi sûr et facilement réalisable de leur argent.

Les banques sont obligées de chercher à gagner un bénéfice supérieur au taux qu’elles bonifient aux déposants et elles trouvent ce bénéfice dans les opérations de report. En outre, les grandes compagnies qui font des recettes journalières chemins de fer, canaux, gaz, eaux, omnibus, etc., et qui n’ont à payer des coupons que tous les six mois, mettent volontiers leurs capitaux à la disposition de la Bourse et prennent en pension les titres des spéculateurs à la hausse. Le bon marché des reports, coïncidant avec une période de tranquillité politique, détermine beaucoup de gens à acheter des valeurs par spéculation, afin de profiter de l’écart existant entre le revenu de la valeur et ce qu’ils doivent payer pour le loyer de l’argent. C’est pour cela qu’à l’approche des échéances de coupons, il devient nécessaire, aussi bien pour l’Etat que pour les compagnies privées, de se préparer des disponibilités et que les capitaux placés en reports sont retirés temporairement de la Bourse pour y refluerbientôt après par les mille canaux de l’épargne. L’organisation du marché financier est différentedanslesdiverspays. C’est en Angleterre, le pays le plus riche du monde, qu’on est à même d’en faire peut-être l’étude la plus curieuse et voici pourquoi.

t La Banque d’Angleterre sert de réservoir central à touteslesbanques et àtous les banquiers. C’est chez elle que se trouve la réserve s d’or du pays et, grâce au développement du système des chèques, du système des chambres de compensation (clearing-houses), l’encaisse métallique est réduite à son minimum. La Banque d’Angleterre, dont les opérations ont une si grande importance et dontle taux d’escompte est en quelque sorte le régulateur des capitaux du monde entier, a souvent une encaisse de moitié inférieure à celle de la banque de France, même inférieure à celle de la Banque de Russie. Il en résulte que le marché des capitaux disponibles qu’on veut placer, soit en escompte, soit en report, est d’une sensibilité beaucoup plus grande que sur le continent ; qu’il suffit souvent de l’entrée ou de la sortie de quelques centaines de millelivresen orpouramener leresserrement ou la détente sur le marché.

Ordinairement, à Londres, le taux des reports pour les valeurs de premier ordre est inférieur au taux de l’escompte. Lorsque la Banque d’Angleterre s’aperçoit qu’elle n’a plus la direction du marché, que le taux d’escompte hors banque est beaucoup meilleur marché qu’à ses guichets, elle pratique alors l’emprunt sur titres, c’est-à-dire qu’elle donne en reports les consolidés anglais qu’elle peut avoir, afin de créer un vide sur le marché et de devenir, dans une plus grande mesure, maîtresse des fluctuations de l’escompte. Les Bourses principales du monde sont celles de Londres, Paris, Berlin, où l’on traite des fonds et des valeurs de toute nature et provenance. Ce sont au premier chef des Bourses internationales. On peut placer en seconde ligne Francfort, Bruxelles, Amsterdam. Les Bourses de Vienne, Madrid, Rome, Pétersbourg, et même New-York, se bornent aux transactions sur les valeurs indigènes. NewYork,, qui sert de centre financier à toute l’Amérique du Nord, occupe une place intermédiaire. Pendant longtemps Londres a occupé une place prépondérante, par suite de la richesse de l’Angleterre, de l’extension de son commerce, de l’activité et de l’initiative de ses banquiers. Elle a été le grand réservoir dans lequel les États emprunteurs sont venus puiser les capitaux dont ils avaient besoin. La cote du stock-exchange offre encore aujourd’hui une liste plus longue et plus variée que celles de Paris et Berlin.

L’importance internationale de la Bourse de