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ment de la France. In-8°, Amsterdam, 1764, d’abord intitulées De l’admission de la démocratie dans un Élut monarchique Essais ou loisirs d’un ministre d’État, in-8, 1787 ; -Journal et Mémoires, publiés dans la « Bibliothèque elzévirienne » en 1858, 5 vol. in-12 et par la « Société de l’histoire de France » en 1859-67 cette dernière édition comprend 9 volumes ; enfin, divers article dans le « Journal économique ». E. R. ARGENT. V. Métaux précieux.

ARISTOTE. Deux des ouvrages d’Aristote touchent à l’économie politique. L’un de ces ouvrages est complet et forme un ensemble à la fois historique, critique et doctrinal ; c’est le traité de la Politique, en huit livres. De l’autre, nous n’avons qu’un fragment, deux livres réunis sous ce titre l’Economique, qui devaient faire partie d’un Traité sur la richesse. Le reste de ce traité est perdu. Il n’est pas sûr que ce qui en reste ne soit pas apocryphe. Le fragment est, d’ailleurs, peu intéressant.

Quelques-unes des propositions contenues dans la Politique ont été mises en lumière par des économistes modernes. J.-B. Say a cité (Cours complet, t. II, p. 544) la distinction faite par Aristote entre laproduction naturelle, qui n’a d’autre but que la consommation par le producteur même, et la production artificielle, qui a pour but la vente du produit. Le comte Germain Garnier (Préface à la Richesse des nations, p. 29) a fait ressortir la justesse de la définition qu’Aristote a donnée de la monnaie « C’est une marchandise intermédiaire destinée à faciliter l’échange entre deux autres marchandises ». A la vérité, ce qu’Aristote a dit de la monnaie est peutêtre ce qu’il a écrit de plus juste en matière économique. C’est en tout cas ce qu’il a écrit, en cette matière, de plus fécond et de plus suggestif. Des volumes entiers sont sortis du paragraphe qu’il consacre à la monnaie. Le plus ancien des traités français, le Traietié des monnoies, de Nicole Oresme, n’en est, pour ainsi dire, que le commentaire et le développement.

Mais, soit au point de vue historique, soit au point de vue critique, de nombreux passages de la Politique méritent d’être relevés, principalement dans les deux premiers livres. Le premier chapitre étudie la constitution de l’État et ce qu’on appellerait aujourd’hui la question des rapports de l’individu et de l’État. Pour Aristote comme pour tous les anciens, l’État est avant l’individu et l’individu n’est rien sans l’État « L’État est un fait de nature. On ne peut douter que l’État

ne soit naturellement au-dessus de la famille et de chaque individu car le tout l’emporte M nécessairement sur la partie. car la main, séparée du corps, n’est pas une main réelle». Le deuxième chapitre contient la théorie

2 de l’esclavage naturel: «La famille, pour être parfaite, doit comprendre des esclaves et des individus libres. « Elle se décompose en trois éléments simples et primitifs le maitre et l’esclave, l’époux et la femme, le père et les enfants. De là des relations et des fonctions différentes, suivant le membre de la famille qu’on envisage ; autorité des ancêtres, autorité conjugale et paternelle, génération e des enfants, acquisition des biens. Comme l’intérêt de la partie est le même que celui du tout, l’esclave et le maitre pour Aristote ont un intérêt commun. Ce deuxième livre n’est guère qu’un long sophisme. Mais il est curieux d’y trouver comme la rapide et vague z esquisse d’une morale utilitaire « L’utilité 1 des animaux privés et celle des esclaves sont s à peu près les mêmes ; les uns comme les autres nous aident, par le secours de leurs forces corporelles, à satisfaire les besoins de s l’existence ». Mais, en revanche, « de même que pour les animaux privés c’est un grand avantage, dans l’intérêt même de leur sûreté, i d’être soumis à l’homme, de même pour ceux qui sont naturellement esclaves, l’esclavage est aussi utile que juste ».

Le troisième chapitre traite de la science domestique et de l’acquisition des biens, fonctions de la famille parfaite, où l’esclave naturel et le maître n’ont que des intérêts communs. Aristote distingue très clairement entre la valeur en échange et la valeur en usage « Toute propriété a deux usages qui lui appartiennent essentiellement, sans lui appartenir de la même façon l’un est spécial à la chose ; l’autre ne l’est pas. Une chaussure peut servir ou bien à chausser le pied ou à faire un échange». Dans la famille, t à l’origine, point d’échange les choses n’ont qu’une valeur en usage ; puis, échange restreint, d’une famille à l’autre de la même cité. C’est le « secours mutuel» ; du blé contre de viande, une marchandise contre une mar chandise, c’est le troc. Enfin le cercle s’élart git « Les denrées indispensables étant, en nature, d’un transport difficile », voici l’échange et la monnaie.

Ici se place la célèbre définition. Le com-

merce produit des biens, non point d’une L manière absolue, mais par le déplacement d’objets déjà précieux en eux-mêmes ; deux espèces de richesse, « la véritable et nécessaire richesse » but de la science domestique, et la richesse en superflu, but de l’acquisition des biens. L’une est restreinte, l’autre ne


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