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40 millions de livres sterling dans des constructions de chemins de fer qui ne rapportaient pas immédiatement. Telles sont, d’après les dépositions de M. Morris, les causes de la crise qui avait eu lieu au mois d’avril. Le même déposant assigne une autre cause à la panique d’octobre : d’immenses faillites qui se produisirent successivement dans le commerce des grains, la ruine d’un grand courtier d’escompte (bill-broker), la faillite de plusieurs banques à Liverpool, Newcastle, etc., la cause de ces divers désastres étant que le prix du blé était brusquement descendu de 150 francs à 75 francs le quarter à la nouvelle d’envois considérables d’Europe et d’Amérique et des promesses d’une récolte précoce et abondante.

« À ces désastres succédèrent une alarme générale, des demandes de remboursements adressées aux banques, la prostration complète du crédit. Les banquiers de Londres et tes courtiers d’escompte n’étaient plus en mesure d’accorder à leurs clients les facilités ordinaires et tout le monde était obligé de recourir à la Banque d’Angleterre. Des quantités énormes de billets de banque étaient immobilisées par le public…

« La réserve de la Banque était tombée aussi bas que possible. Il n’y avait dans les caves que 40 millions de francs en billets et environ 11 millions de francs en numéraire. On accourait de tous côtés pour demander des billets à la Banque. On ne se préoccupait pas de savoir si elle en avait ou non ; on croyait qu’elle était forcée d’en donner ; on ne réfléchissait pas que ses opérations d’escompte sont limitées comme celles de toute autre banque commerciale et qu’elles dépendent de l’importance de la réserve. »

Il nous reste, pour terminer ce qui concerne notre sujet, à analyser une vaste enquête parlementaire anglaise : celle de 1886 et 1887, sur les causes des récents changements qui s’étaient produits dans la valeur des métaux précieux.

Cette enquête avait été demandée par la commission royale instituée le 29 août 1885, et chargée elle-même de procéder à une enquête sur la crise industrielle et commerciale, ainsi que par un grand nombre de membres de la Chambre des communes. Le gouvernement se rendit à cette invitation et la Trésorerie formula le programme de l’enquête nouvelle.

Nous en donnons le résumé :

1o De faire une enquête sur les causes des changements récemment survenus dans la valeur relative des métaux précieux, et spécialement de rechercher si ces changements sont dus : a) à la dépréciation de l’argent ; b) à l’augmentation de la valeur de l’or ; c) à ces deux causes ;

2o Si la commission trouve que les changements sont dus à la dépréciation de l’argent, elle recherchera si cette dépréciation provient de l’augmentation de l’offre ou de la diminution de la demande, ou de ces deux causes ; et elle s’efforcera de découvrir dans quelle proportion elles ont agi ;

3o Si les changements proviennent de l’augmentation de la valeur de l’or, elle recherchera si cette augmentation a été causée par la diminution de l’offre ou par l’augmentation de la demande ou par ces deux causes ; et elle s’efforcera de découvrir dans quelle proportion ces deux causes ont agi

4o Elle recherchera ensuite quelle a été l’influence des changements de valeur des métaux précieux :

D’une part, sur les remises du gouvernement indien ;

D’autre part, sur le commerce et sur l’industrie du Royaume-Uni ;

5o Indiquer au besoin les remèdes aux troubles résultant de ces changements.

La commission se composait de MM. A.-J. Balfour, secrétaire pour l’Écosse, de cinq membres du parlement, de D.-M. Barbour, secrétaire du département financier et commercial du gouvernement de l’Inde ; J.-W. Birch, directeur de la Banque d’Angleterre, sir Thomas Farrer, du Board of Trade ; W. Fremantle, sous-directeur de la Monnaie, et J.-R. Bullen Smith, membre du Conseil de l’Inde.

En 1887, elle publia un volume contenant les dépositions recueillies du 19 novembre 1886 au 23 mai 1887. Ce volume débute par une note, sous forme de « Rapport à la reine », dans laquelle se trouvent les renseignements suivants :

« La commission s’est réunie vingt-quatre fois et elle a entendu une vingtaine de témoins. Nous avons commencé nos recherches en recueillant tous les renseignements sur la production et la demande des métaux précieux ; nous avons ensuite examiné ces statistiques afin d’en tirer les conclusions nécessaires.

«Les témoignages que nous avons recueillis peuvent se subdiviser comme il suit :

« 1o La situation du gouvernement et des populations de l’Inde 2o l’intérêt des négociants en relation avec l’Inde, la Chine et autres pays consommant l’argent-métal ; 3o l’effet produit en général sur le commerce et l’industrie du Royaume-Uni ; 4o les remèdes qui ont été proposés. La plupart des témoignages recueillis ne présentent qu’un seul aspect de la question. Nous nous effor-