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C’est ainsi que Locke prévint un nouvel affaiblissement des monnaies métalliques, déjà fort altérées. Mais on y trouve de graves méprises. Par exemple, Locke soutient que les hommes ont assigné aux métaux précieux une valeur conventionnelle afin de s’en servir dans les échanges. C’est au contraire parce que For et l’argent avaient une valeur universellement reconnue, étaient universellement désirés, qu’on eut l’idée de les employer dans les payements.

Locke est plus heureusement inspiré lorsqu’il proclame l’impossibilité d’établir un rapport durable entre les valeurs respectives des métaux monétaires et, par suite, de les employer concurremment comme mesure en valeurs. 11 en déduit qu’un seul métal doit avoir la qualité d’étalon. Quant aux autres métaux, ils pourraient circuler, mais à un un cours variable — conception qui n’est pas irréalisable, l’exemple du Chinois le montre, mais qui est difficilement conciliable avec nos habitudes monétaires. Locke enfin soutient que l’argent seul convient au rôle d’étalon, que For est impropre à cette fonction. Il a perdu de vue que le choix de la monnaie étalon dépend de la richesse relative des populations qui doivent l’employer dans leurs affaires. LOGEMENTS OUVRIERS. — LOGEMENTS INSALUBRES.

SOMMAIRE

. Position de la question ; complication du problème.

. Rôle de l’autorité publique. . Le mal et les remèdes.

. Résultats obtenus : Construction d’habitations par les chefs d’industrie ; — Diverses formes de l’entreprise privée ; — Building Societies ;

— Sociétés anonymes pour la construction et la vente de maisons à bon marché ; — Maisons à locataires multiples dans des conditions supérieures de salubrité et de confort. Bibliographie.

. Position de la question ; complication du problème.

Parmi les facteurs les plus importants du développement physique, moral et intellectuel, on doit placer au premier rang, l’habitation, le milieu dans lequel se déroule la vie de l’individu et de sa famille. Personne ne nie les inconvénients physiques et moraux des logements insalubres habités par les classes ouvrières et les indigents. La condition misérable de leurs habitations, 1 encombrement qui y règne avec son cortège de maladies de tout ordre, avec son accompagnement de crimes et de vices, les dangers permanents qui en résultent, qui menacent la santé et Pordre public, ont été bien des fois mis en lumière. Il ne s’agit pas d’un fléau purement local, car, en fait, il semble universel ; partout on rencontre les mêmes phénomènes douloureux.

L’insalubrité provient surtout de l’entassement prodigieux d’êtres humains dans des pièces qui ne sont pas faites pour contenir un aussi grand nombre de personnes, de la négligence absolue des règles sanitaires, de la saleté accumulée.

Les causes de cet encombrement sont : la pauvreté extrême des habitants qui ne leur permet pas de chercher des logements plus salubres, plus vastes et surtout plus chers, et qui empêche un grand nombre de s’éloigner de l’endroit où ils gagnent leur existence ; l’augmentation de population due aux naissances d’abord, puis à l’immigration constante d’ouvriers attirés des campagnes ou des villesde provinceversles.capitales ; enfin, la démolition des quartiers habités par les ouvriers et qui ont disparu pour faire place à des voies nouvelles, à des gares, à des entrepôts ou qui ont été déblayées par raison de salubrité ou d’embellissement. Contre la pauvreté extrême, il n’y a pas de remède, le paupérisme est inguérissable. Contre les mauvaises habitudes des habitants sous le rapport de la propreté, il faut s’armer de patience. G’est une éducation à faire.

Observons que plus le budget est modique, plus la part absorbée par le loyer est considérable. Dans les ménages d’ouvriers, le cinquième ou le quart du salaire y est consacré.

On s’est efforcé d’y porter remède à l’aide de mesures législatives, de règlements de salubrité et avec le secours de la charité ; des progrès ont été accomplis, mais il n’a pas été possible de transformer les logements des ouvriers et des pauvres en chambres propres et confortables ; surtout il n’a pas été possible d’augmenter les ressources, les salaires des malheureux dans une proportion suffisante ni par des moyens artificiels. L© nœud de la difficulté, c’est la pauvreté même de ceux qui vivent entassés dans des bouges infects, ignorants ou peu soucieux des exigences de l’hygiène et de la pudeur. Cette pauvreté peut être le fait des circonstances ou provenir de mauvaises habitudes, de l’intempérance, de la paressé. La question du logement du pauvre est l’une des plus compliquées et Puné des plus difficiles à résoudre ; elle forme Pune des branches de la question sociale tout entière, à l’égal de la nourriture et du vêtement. Les mêmes règles et les mêmes principes s’appli-