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soutint que, de droit divin, il était exempt de tout impôt ; il alarma la conscience du roi en lui faisant voir dans un impôt perçu sur des biens ecclésiastiques la violation d’une propriété sacrée. L’opinion publique se mit à discuter pour et contre les prérogatives temporelles du clergé ; il y eut un peu de fermentation des esprits. Le roi hésita. Fort habilement, l’assemblée du premier ordre offrit alors un don grattât plus considérable qu’à l’ordinaire et put obtenir à ce prix d’être affranchie des vingtièmes. Peu de temps après (1754) une obscure intrigue de cour obligeait Machault à quitter le contrôle général. Dès lors, ses réformes furent à vau-l’eau. La caisse d’anlortissement cessa de fonctionner. Les vingtièmes furent employés aux besoins courants ; ils furent inégalement répartis ; les pays d’états, forts de l’exemple du clergé, reprirent leurs prétentions et obtinrent de se racheter de l’impôt par des abonnements. Ces abonnements furent étendus par la suite à des villes, à des princes, a des seigneurs et devinrent ruineux pour le reste des contribuables. Du plan de réformes de Machault il ne resta qu’une source de mécontentements de plus. Mais le succès que le clergé et les pays d’états avaient obtenus de leur résistance prouva que le roi, dès cette époque, n’était pas assez puissant pour établir à lui seul des impôts oupour imposer des réformes. Avant de quitter tout à fait le ministère, Machault resta quelque temps à la tête du département de la marine ; c’est à lui qu’on doit la prise de Minorque (1756) qu’il assura par sa promptitude à préparer l’expédition du maréchal de Richelieu. Il vécut depuis dans la retraite. Sous la Terreur, il fut emprisonné comme suspect et mourut en 1794 dans la prison des Madelonnettes. Jean Le Roy.

Bibliographie.

Bailly, Histoire des finances françaises. — De Montyon, Particularités sur les minisires des finances. — Correspondance des contrôleurs généraux avec les intendants des provinces (éditée par de BoisliUe). — Voltaire, Siècle de Louis XV et Correspondance, etc. MACHINES AGRICOLES. — On a dit avec raison que l’homme ne pouvait pas créer et qu’il se bornait à transformer les matériaux dont il dispose. Il suffit de réfléchir un instant et de jeter les yeux autour de soi pour se convaincre de la. justesse de cette observation. Nos industries ont pour rôle et pour but de modifier les qualités ou propriétés d’une matière première quelconque, de façon à la rendre mieux capable de satisfaire nos besoins. L’outil, la machine, servent à accroître la puissance de l’homme et à diminuer la somme d’efforts nécessaires pour accomplir les transformations industrielles. Le rôle de ces utiles auxiliaires est du reste trop connu, leur influence heureuse a été trop souvent signalée pour que nous ayons aies rappeler. Mais il importe de préciser ici le champ d’action de la machine, soit dans l’industrie agricole, soit dans les autres industries. Pour la plupart de ces dernières, l’outil ou la machine exécute directement la transformation qui doit accroître l’utilité et la valeur de la matière première employée. S’il s’agit de produire les forces qui servent à faire mouvoir nos steamers ou nos wagons, la houille est la matière première, le réservoir d’énergie auquel nous puisons, et ce sont les différents organes de la machine à vapeur qui opèrent la transformation plus ou moins économique et parfaite de la chaleur en mouvement. Pour le tisserand, pour l’imprimeur, pour le fabricant de papier, par exemple, la machine exécute l’œuvre principale ; c’est elle qui tisse, qui imprime ; c’est elle qui répartit uniformément la pâte de papier en couche mince et transforme successivement cette pâte fluide tout d’abord en une feuille qui est le produit même presque complètement achevé. Sans doute il existe dans l’industrie mille outils ingénieux qui, sans opérer la modification principale, servent cependant à la compléter ou à la préparer. Mais on peut dire que la machine accomplit de vrais prodiges, alors surtout qu’elle se charge seule de l’œuvre principale avec cette précision, cette régularité, cette rapidité et cette inépuisable en même temps qu’infatigable énergie dont elle nous parait douée. Peut-on nier que l’invention de la machine à tisser et filer, et mieux encore les transformations de la chaleur en mouvement au moyen de nos appareils à vapeur, ne soient les plus grandes découvertes dont l’homme ait le droit de s’enorgueillir ?

Quant aux conditions dans lesquelles les machines travaillent pour l’industriel, il faut ajouter qu’elles sont généralement identiques et bien connues à l’avance sans grandes difficultés. Avec un même moteur et un poids égal de combustible d’égale qualité, on obtiendra en France comme en Angleterre, en Europe comme en Afrique, le même nombre de chevaux-vapeur. La même machine tissera, filera ou imprimera dans tous les pays, sous toutes les latitudes et sous tous les climats. Les opérations elles-mêmes, les transformations apportées à la matière brute, sont simples ; en outre, elles sont rapides et la plupart du temps on peut en accroître indéfiniment le nombre, les ralentir ou les ac-