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créer, par ce moyen, des ressources pour vivre et la fortune, ils n’y trouvent ni les unes ni Vautre. Il faut admettre que le hasard est aussi souvent défavorable au joueur qu’il lui est favorable ; s’il met en balance les circonstances malheureuses et les circonstances heureuses qui lui ont échu,’ il se trouvera en perte de son temps et de ses frais. On se récriera, l’on citera un tel et un tel, mais peut-on dire que la loterie enrichit quand elle fait un riche sur dix mille ? On a interdit la loterie, il est vrai, mais Ton ne peut supprimer le marché à terme sans violer une loi économique ; le marché à terme est nécessaire ; l’agiotage est dangereux : que le danger du jeu éloigne du jeu ! (Voy. ce mot.) Emmanuel Vidal.

Bibliographie

Comte MoLiiEW, Mémoires d’un ministre du Trésor public^ t. I er , p. 251 à 273. — De Molinaiii, Conversations sur le commerce des grains et la protection de l’agriculture. — A. Naqdet, Rapport au nom de J a commission chargée d’examiner le projet de loi sur les marchés à terme [Journal officiel, 21 juillet 1882). — Eo. Badoh-Pascal, Des marchés à terme. — Alph. Courtois fils, Défense de l’agiotage. MARIAGE. — V. Démographie et Population.

MARQUE DE FABRIQUE. — V. Propriété industrielle.

MARTINEAU (Harriet) (1802-1876) a traité dans sa longue carrière littéraire les sujets les plus divers , histoire, biographie, voyages, romans. Les études sociales, morales,critiques et philosophiques ont une place dans l’interminable liste de ses œuvres, mais c’est à l’économie politique qu’elle a du son plus éclatant succès et, par contre la science économique a obtenu, grâce à sa plume, une heure d’étonnante popularité.

Les Contes d’économie politique furent accueillis, en effet, avec un enthousiasme extraordinaire (1832-1834). Les lecteurs s’arrachaient les volumes ; les critiques et les savants étaient d’accord avec la foule. Pauvre et inconnue la veille, miss Martineau arriva du premier coup à l’aisance et à la notoriété. La société de Londres lui était ouverte, les hommes politiques les plus considérables la recherchaient et lui demandaient d’exposer leurs idées. Le chancelier de l’Échiquier, lord Althorp, chargeait son secrétaire de lui apporter des détails sur le nouveau budget, qu’elle devait rendre populaire, et ce secrétaire, c’était Thomas Drummond, l’homme qui devait exercer plus tard une si bienfaisante influence en Irlande, et qui eut le courage de dire que la propriété a des devoirs aussi bien que des droits. Lord Brougham s’adressait à elle pour mettre en relief la nécessité de réfor-. mer la loi des pauvres ; et les cinq contes sur la loi des pauvres exposent admirablement le problème du paupérisme. James Mill, qui avait douté du succès, se hâta de reconnaître son erreur et joignit ses félicitations à celles de Malthus et de Whately. Les principes des économistes contemporains étaient en effet présentés avec beaucoup de vigueur dans ces contes, que l’auteur jugeait avec une rare impartialité. « C’était une idée originale et heureuse, écrit-elle, de présenter les grandes lois naturelles de la société à l’aide de scènes choisies de la vie sociale ; et les Contes ont initié beaucoup d’esprits à l’idée de l’économie politique et à l’importance de cette science pour ceux qui vivent en société. L’ouvrage n’a pas d’autres mérites. Il a. popularisé, sous une forme nouvelle, quelques doctrines et beaucoup de vérités rendues publiques par d’autres. »

En effet, le mélange de science et de fiction ne comporte pas un haut degré d’imagination ni d’invention, mais, dans les limites tracées par miss Martineau, les Contes eurent une popularité méritée, et elle fit là une œuvre utile. C’était d’ailleurs sa principale préoccupation quand elle prenait la plume. Elle ne cessa de s’intéresser aux problèmes économiques et sociaux de son temps, et soutint toujours des solutions pratiques et libérales.

Ayant terminé la publication de ses Contes (1834), elle voyagea aux États-Unis et s’y intéressa vivement aux efforts des abolitionnistes. Pendant trente ans, elle travailla à gagner à leur cause la sympathie de l’Angleterre. Les volumes qu’elle publia à son retour sur l’Amérique firent souhaiter à O’Connell que miss Martineauvisitàt l’Irlande et en fît une semblable description. En ce moment, on lui adressait de Milan la même prière. Mais elle ne put réaliser aucun de ces vœux ; une longue et douloureuse maladie la retint cinq ans dans une immobilité absolue et les pages qu’elle écrivit de sa Chambre de malade ne sont pas moins admirables que la façon héroïque dont elle supporta cette longue épreuve.

Revenue à la santé (1846), elle fit un voyage en Orient ; le livre qu’elle en rapporta, Eastern Life, Past and Présent, a été déclaré par ’un des premiers critiques anglais « un des plus charmants livres de voyage qui aient été écrits ».

De retour en Angleterre, miss Martineau se fixa dans le district des Lacs, à Ambleside. Tout en continuant ses travaux, une colla-