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sation ne serait sérieuse qu’autant qu’elle présenterait pour les communes et le département un caractère obligatoire. La plupart des pays étrangers, qui ont rejeté la thèse de l’assistance obligatoire, ont fait une exception en faveur de la maladie ; il en est ainsi de la Bavière, de l’Italie, de la Grèce, de la Belgique, etc.

Un projet de loi, déposé par le gouvernement sur le bureau des Chambres dans le courant de l’année 1890, réalise ce desideratum, et pose en principe le droit à l’assistance médicale gratuite. D’après les dispositions de cette proposition de loi, le secours à domicile constitue le mode naturel de l’assistance, mais l’hospitalisation constituant également un droit, réservé sans doute aux cas où pour une cause quelconque le malade ne peut être soigné utilement chez lui, il en résulte que le service comprendra, outre un dispensaire établi dans chaque commune ou syndicat de communes, une infirmerie à circonscription relativement peu étendue, où un grand nombre de malades pourront être soignés sans trop s’éloigner de leur domicile, et un hôpital général destiné au traitement de certaines maladies spéciales ou d’affections chirurgicales pour lesquelles l’infirmerie serait insuffisamment outillée à divers points de vue.

Cette création d’infirmeries, c’est-à-dire de véritables hôpitaux, faite avec les ressources provenant de l’impôt, l’obligation pour chaque commune d’être, en outre, rattachée à un hôpital général, seront des charges écrasantes pour les communes rurales, dont la population est si peu importante et dont les ressources sont si exiguës. Il ne faut pas se dissimuler que c’est là la première étape de tout un système complet d’assistance légale. Le projet de loi actuel est muet sur l’assistance aux vieillards ; mais il sera suivi et complété, sans nul doute, d’une autre proposition, qui y sera relative ; car, dans la pratique, il sera bien difficile de distinguer le malade, qu’il y a lieu d’hospitaliser, du vieillard, pour lequel l’hospice est nécessaire.

Enfin, il ne faut pas le taire, dès que Ton demandera à l’impôt les ressources destinées à assurer le fonctionnement du service, on tarira la source de la charité privée. Celleci, nous en avons fait la remarque ailleurs, {V. Enfance [Assistance de V]) cesse là où il y a obligation ; la libéralité et l’impôt s’accordent mal ensemble ; c’est une constatation qu’il est permis de faire, en France, pour le service des aliénés et celui des enfants assistés, et en Angleterre, où l’assistance officielle est absolument dégagée, dans la pra-

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tique, de tout caractère et de toute participation charitables. Ce sont les libéralités privées qui ont construit nos hôpitaux français ; le jour où la loi obligera les communes à créer des infirmeries, on verra une partie des libéralités particulières se frayer à l’avenir une autre voie et s’inquiéter d’un nouvel emploi ; mais il y en aura une plus grande partie qui cesseront de se produire. Émjle Chevallier.

Bibliographie.

Enquête sur l’assistance publique dans les campagnes, 1872. — Renne des Deux Mondes 1 er juin 1875 (article de M. Vaghbbot). — Bêquet, Répertoire du droit administratif, V. Assistance. — C. Bazille, Assistance publique dans les campagnes. — D r Daguillon, Etude sur un manuel de l’assistance publique en province. — Journal officiel du 1 er juin 1878, contenant un tableau statistique ; id., n° du 24 juillet 1878, — V. aussi plusieurs Rapports présentés au Conseil supérieur de l’assistance publique ; ainsi que les ouvrages cités (V. Assist^ce) de MM. Lallemand, Hubert-Valleeodi et Chevallier sur l’assistance dans les campagnes. MÉDICIS (Les). — L’élévation des Medicis offre un exemple unique dans l’histoire : famille de marchands et de banquiers, ils sont de père en fils adonnés au négoce ; ils n’ont aucune aptitude guerrière, rien d’héroïque, aucune des qualités qui établissent le prestige des races souveraines. Cependant ils deviennent les maîtres de leur patrie ; ils prennent une place incontestée au milieu des familles princières de l’Europe qui toutes doivent leur éclat à la légende héroïque et belliqueuse de leurs fondateurs, et donnent le spectacle originale d’une famille de potentats dont le pouvoir eut pour origine une force d’ordre purement économique.

DèsTorigine de Florence, les Medici avaient fait partie de la classe bourgeoise à laquelle appartenait surtout la direction des affaires de leur patrie. Au milieu de la société chevaleresque du moyen âge, Florence parut toujours comme un État surtout industriel et commerçant ; cependant, jusqu’en 1343, les magnats, descendants d’une antique noblesse militaire, y avaient fait compter leur influence et leur esprit. A partir de cette année ils disparaissent de la cité comme parti politique. Florence se trouve sans contre poids aux mains d’hommes qui ne connaissent d’autre mobile d’action que l’intérêt de l’accroissement et de la répartition des richesses. Dès lors, la lutte du travail et du capital est au fond de tous les événements qui agitent la république. C’est à partir de la seconde moitié du xiv e siècle que cette situation se dessine nettement. C’est à partir de cette époque aussi que les Medici prennent une place à part dans cette bourgeoisie au sein de laquelle ils sont restés