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tait, dans une certaine mesure, de la liquidation d’une crise de surproduction ou de spéculation. . Dépréciation de V argent depuis 1870. — La valeur de l’argent a subi, depuis 1872, une baisse qui, surtout de 1876 à 1889, a été très considérable. On peut s’en rendre compte par le tableau ci-après du prix de ce métal sur le marché de Londres (V. ci-après Métaux précieux [Cote des]) : Années. -1860. Prix moyen de l’once standard. pence. . 61 s ,f 1861-1870 60 ^#



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42 14/i fi Comme pour l’or après 1850, la baisse de l’argent est résultée de modifications dans les conditions de l’offre et de la demande. Mais pour l’argent, qu’il s’agisse de l’offre ou de la demande, ces modifications ont agi dans le même sens, dans le sens de la baisse. Il y a eu en effet augmentation de l’offre et diminution de la demande. La principale cause de l’augmentation de l’offre a été l’accroissement extraordinaire de la production annuelle du métal blanc, à partir de 1871-1875, Les quantités annuellement extraites des mines, après s’être élevées graduellement de 355 600 kilogrammes de 1701 à 1720, à 894 150 kilogrammes de 1801 à 1810, étaient retombées à 540770 kilogrammes de 18M à 1820 et à 460560 kilogrammes de 1821 à 1830. Elles s’accrurent de nouveau et par degrés jusqu’à 904 990 kilogrammes de 1856 à 1860. De 1861 à 1865, elles atteignirent 1101150 kilogrammes ; de 1871 à 1875 elles furent de 1969425 kilogrammes ; puis, pour 1876-1880, de 2 450252, et pour 1881- 1885, de 2861 709 4 . La progression a continué dans les années suivantes : 2902471 kilogrammes en 4 886 ; 3 021 585 kilogrammes en 1887 ; 3427 565 kilogrammes en 1888 2 . On doit également signaler comme ayant affecté les conditions de l’offre les ventes faites par l’Allemagne en vue de la transformation de son système monétaire et qui, de 1873 à 1879, se sont montées à 664 millions de marcs ou 830 millions de francs. Ces ventes ont cessé depuis 1879. Mais il reste encore àdémonétiser des thalers pour 450 millions de marcs ou 562 millions 1/2 de francs. . Chiffres du D r Soetbeer, op. cit. . Chiffres du directeur des monnaies des Etats-Unis. Cette quantité, diminuée en 1886 1 de 1 millions 1/4 de marks, cédés au gouvernement égyptien pour la frappe de ses monnaies, est toujours à l’état d’offre possible et pèse certainement sur les cours. En même temps que l’offre a augmenté, la demande s’est réduite. Dans les pays de civilisation européenne, le métalblanc est aujourd’hui moins apprécié que l’or. Sous un même volume, celui-ci pèse trente fois moins : sa valeur a toujours été, dans ce siècle, au moins quinze fois plus grande. C’est donc un instrument d’échange plus commode que l’argent. Il est assez naturel qu’il se substitue à lui, surtout depuis que les transactions ont augmenté en nombre et en célérité, comme jadis l’argent s’est substitué au cuivre. Le mouvement d’opinion que l’on signale ici date d’ailleurs de fort loin. Au commencement du xvi e siècle, le rapport de valeur de l’or à l’argent était de i à 10,75. Il n’a cessé de s’élever depuis ce temps, en dépit de quelques retours favorables à l’argent, que Ton trouve espacés de siècle en siècle, et qui n’ont jamais été de bien longue durée. De nos jours la déchéance de l’argent a été précipitée, on peut le dire, par la baisse passagère et l’augmentation énorme de la production de l’or après 1850. Par suite du jeu du double étalon (V. Monnaie), le métal jaune a rempli tous les canaux de la circulation en France et dans les pays qui suivent le système de la loi de germinal an X. Les populations, d’abord défiantes, ont apprécié bientôt les avantages d’un métal que jusqu’alors elles connaissaient à peine. Lorsque l’argent, devenu plus abondant à son tour, a baissé de valeur et s’est présenté pour reprendre la place qu’il avait cédée à For, le sentiment public n’a pas permis qu’on rouvrît devant lui les portes de l’hôtel des Monnaies. C’est ainsi que le métal blanc a perdu le marché considérable des pays de l’Union latine. La dépréciation qu’il subissait du fait de l’augmentation de la production en a été certainement aggravée. Déjà l’Inde, qui avait été pour l’argent un débouché plus considérable encore, importait depuis 1866 une moins grande quantité de ce métal. Ce n’est pas que l’argent y soit l’objet, comme en Europe, d’une défaveur relative. . V. le Bulletin de statistique du ministère des finances, décembre 1886, p. 655. L’empire a cédé également à l’Egypte le reliquat de son stock d’argent en barres. . Voir Third report of the royal commission on dépression of trade and industry, 1886, C. 4797, Appendix B, p. 331 (Mémoire de M. R. H. ïnglis Palgravej ; First report oftke royal commission on goldand silver, 1887, C. 5099. Minutes o f évidence, n° 1170-2882.