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adopta, en l’espace de peu d’années, les doctrines philosophiques, politiques et morales qui devaient l’inspirer durant le reste de sa vie. Cette transformation fut provoquée par les relations d’amitié qu’il sut acquérir à Londres. Nous le trouvons lié, vers 1810, avec Ricardo, Brougham, Georges Grote, Joseph Hume, William Allen, Francis Place. 11 vivait avec Bentham dans une étroite intimité. Il épousa, en 1805, Harriet Burrow, femme d’une exceptionnelle beauté. Il eut d’elle neuf enfants, quatre garçons et cinq filles. On s’accorde a lui attribuer une dureté de caractère qui ne lui permit pas de goûter et d’assurer aux siens les douceurs de la vie de famille. Seul, son fils aîné, John-Stuart sut éveiller chez son père quelques sentiments affectueux et fut, de sa part, l’objet d’une tendresse relative. Jusqu’en 1819, James Mill fut aux prises avec les plus rudes difficultés de la vie matérielle. Il eut la bonne fortune, en 1819, deux ans après la publication de son Histoire de l’Inde, d’être attaché à la puissante Compagnie des Indes avec des appointements annuels qui s’élevèrent progressivement de 800 livres sterling à 2000 livres sterling en 1836. ïl mourut le 23 juin 1836. Il était correspondant de l’Institut de France. Les œuvres les plus importantes laissées par James Mill sont, par ordre de date : 1° V Histoire de VInde (1817) ; 2° les Éléments d’économie politique (1821) ; 3° V Analyse de l’esprit humain (1829). Il publia de nombreux articles dans diverses revues, la Westminster Review et la London Review, entre autres, et dans le supplément de VEncyclopedia Britannica. Quelques-uns méritent de n’être point oubliés. Nous citerons parmi eux Y Essai sur le gouvernement i J dont le radicalisme suscita les très vives attaques de Macaulay, et Y Essai, sous forme de dialogue, sur Vutilitè de l’économie politique*, qui parut quelques mois avant sa mort et fut son dernier écrit. James Mill a été très diversement apprécié. Il a eu des admirateurs et des détracteurs. Son fils John-Stuart compte parmi les premiers ; Macaulay est du nombre des seconds. La vérité est à égale distance des jugements extrêmes qui ont été portés sur lui. James Mill est un homme de second rang. Il ne peut aspirer au premier ni comme historien, ni comme philosophe, ni comme économiste. Esprit net, vigoureux et pénétrant, mais extrêmement étroit, dépourvu de toute imagination comme de toute bonté, positif et froid dans ses spéculations intellectuelles comme dans ses relations d’amitié . Supplément de VEncyclopedia Britannica, 1820. . London ïïeview, 1836.

MILL (Stuart)

ou de famille, plus personnel qu’original, adoptant les opinions de son milieu, en se bornant à les simplifier, en accentuant certains traits, en aggravant certains défauts : tel fut le disciple que Bentham et Ricardo trouvèrent dans James Mill.

Sa méthode, il ne pouvait en être autrement, est la méthode déductive dans toute sa simplicité et sa rigueur. Toutes ses doctrines sont appuyées sur deux ou trois axiomes qu’il considère comme suffisamment établis par une simple affirmation. C’est ainsi qu’en politique (V. son Essai sur le gouvernement) il réclamait le gouvernement du pays par le pays et qu’il proposait un système d’éducation devant rendre possible le- suffrage universel. La fin du gouvernement, pensait-il, est d’assurer au peuple la plus grande somme possible de bien-être. Or, personne n’agit jamais contre son propre intérêt. Donc, la fin du gouvernement sera d’autant mieux réalisée que le peuple se gouvernera lui-même. C’est ainsi encore qu’en économie politique il se contentait de résumer et d’exposer, plus clairement que l’auteur, les doctrines de Ricardo. Ses principes démocratiques l’amenèrent à appuyer quelques-unes des revendications des classes ouvrières. Mais il ne réclama jamais en leur faveur l’intervention abusive de l’État. Bans Tordre économique comme dans Tordre politique, il fut un partisan décidé de la liberté de l’individu.

Bibliographie.

Consulter sur James Mill : 1* Bain, James MM ; 2° Cototnet, John Stuart Mill, p. 11 à 28. Les Éléments d’économie politique ont été traduits en français, en 1824, par Parisot On les trouve assez difficilement ; l’intérêt qu’ils présentent est médioùre.

MILL (Stuart).

SOMMAIRE

I. L’HOMME.

. Sa place parmi les penseurs du siècle. . Ses premières années.

. Principales phases de son évolution intellectuelle et de sa carrière scientifique. . Sa carrière politique et sa mort. H. SES DOCTRINES.

. Doctrines sur la science sociale et ses différentes branches.

. Doctrine sur la méthode dans le3 sciences morales.

. Les Principes d’économie politique. I. L’HOMME.

. Sa place parmi les penseurs du siècle» John Stuart Mill est l’un des penseurs et écrivains du milieu de ce siècle qui ont exercé la plus profonde et, en somme, la plus salutaire influence, non seulement sur