Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 2.djvu/306

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logue à des jetons. L’étain et le zinc sont employés à la fabrication de monnaies du même ordre dans l’Extrême Orient» Le désir de relever la valeur intrinsèque de la monnaie d’appoint a fait adopter par les gouvernements diverses combinaisons dont les résultats n’ont pas toujours été heureux. On a voulu, par exemple, fabriquer ce que Ton appelle techniquement du billon, c’est-à-dire monnayer de l’argent à bas titre. L’essai a été tenté en France sous l’ancien régime et plus récemment par les lois des 15 janvier, 28 juillet et 18 août 1791 et par le décret du 15 décembre 1807, qui prescrivaient de frapper, les premières des pièces de billon de 15 et 30 sous, le second des pièces de 10 centimes portant un N couronné. La couleur de ces pièces, permettant de les confondre avec les pièces d’argent, facilitait les fraudes. De plus, la fausse fabrique du billon offrait un intérêt considérable. Aussi, dès 1808, la fabrication des sous à l’N fut-elle discontinuer Toutes ces pièces furent démonétisées par la loi du 10 juillet 1845. La même préoccupation a engagé plusieurs pays, notamment la Belgique et l’Allemagne, à monnayer du nickel. En France, un projet de loi autorisant la frappe du nickel a été déposé en 1887, mais n’a reçu aucune suite. La question reste ouverte. Peut-être préviendrait-on les confusions volontaires ou involontaires auxquelles peut prêter la couleur du nickel, en donnant aux pièces de ce métal une forme polygonale. Le nombre des pans coupés de la tranche devrait alors être calculé de telle sorte qu’ils restassent sensibles au toucher et que la pièce conservât néanmoins l’aspect circulaire que nous sommes accoutumés à trouver dans toutes les monnaies 1 . On a proposé aussi de pratiquer un trou au centre de la pièce, qui aurait alors quelque ressemblance avec les sapèques de l’Extrême Orient. Mais cette combinaison heurterait trop nos habitudes pour avoir chance d’être acceptée par le public. Au surplus, il est toujours imprudent de troubler les habitudes monétaires d’une nation : il sera sage de les prendre en sérieuse considération avant d’adopter le principe même du remplacement de la monnaie de bronze par la monnaie de nickel. . Coupures, dénominations, alliage, titre, tolérances.

a. Coupubes. — Les coupures monétaires doivent être déterminées de telle sorte qu’il soit facile au public de composer une somme quelconque avec les espèces mises à sa disi. L’Administration des monnaies a fait, dans cet ordre d’idées, des essais très intéressants. position ; elles doivent avoir un poids et un volume tels que l’usage en soit commode, et que l’action du frai ou les possibilités d’altération soient aussi réduites que possible.

Les monnaies de l’ancien régime ne remplissaient pas la première de ces conditions. Les pièces étaient, outre les liards et les sous de cuivre, de 6, 12 et 24 sols, 3, 6, 12, 24 et 48 livres. Bien que l’on comptât par livres, sous et deniers, il n’existait ni pièces de 1 denier, ni pièces de 1 livre : une opération combinée était nécessaire pour payer 7, 8, 10, 11, 13, 14 livres 1 . Les espèces actuellement en circulation ne présentent pas le même inconvénient. Elles sont en concordance parfaite avec l’unité de compte ou avec ses multiples et sous-multiples. Mais plusieurs d’entre elles sont défectueuses, au point de vue de leur volume et de leur poids. Ce sont les pièces de 1 et 2 centimes en bronze, de 20 centimes en argent, de 5, de 50 et de 100 francs en or. Les deux dernières ont une trop grande valeur pour satisfaire aux besoins de la circulation courante et présentent trop de facilités à la fraude du fourrage : ce sont, en quelque sorte, des médailles. Les autres, au contraire, sont trop petites ; elles sont malaisées à manier : celles d’argent et d’or frayent beaucoup. En fait, ni les unes ni les autres n’ont de circulation.

L’émission de la pièce d’or de 5 francs était sans doute nécessaire à l’époque où elle fut faite. L’argent, qui faisait prime alors, était exporté par suite du jeu du double étalon {V. ci-après I1IJ : on créa pour remplacer la coupure d’argent de 5 francs, indispensable aux échanges, une coupure d’or de même valeur.

L’existence des pièces de 1 et 2 centimes, de 20 centimes, de 50 et de 100 francs ne se justifie, en revanche, que par des considérations de décimalité dont la portée économique nous échappe. D’abord, les pièces de 1 centime et de 100 francs sont des pièces fondamentales. En effet, pour être décimale, l’échelle de nos monnaies doit comprendre : les pièces de 1, 10, 100 centimes oui franc, 10 et 100 francs. Voilà les seules coupures vraiment décimales. Elles correspondent aux unités, dixièmes et centièmes de la numération arithmétique. Toutefois, les décimalistes ont admis, à titre de transaction entre les principes mathématiques et les nécessités commerciales, les coupures égales aux deux facteurs de 10, c’est-à-dire S et 2. La pièce . V. Mémoire de Mirabeau, du 12 décembre 1790. Michel Chevalier a reproduit ce document dans les pièces justificatives de son livre La baisse probable de l’ot ; ISyl).