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OFFRE ET DEMANDE

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OFFRE ET DEMANDÉ

suivants. Cet équilibre est du reste instable. Si la demande est plus grande que l’offre, par exemple, le prix de la marchandise monte ; si, au contraire, l’offre est plus grande que la demande, le prix baisse. Tel est le phénomène assez simple dans ses effets que Ton nomme en économie politique la loi de l’offre et de la demande, loi régulatrice par excellence du mouvement économique. Le prix d’une marchandise dépend donc des quantités d’offre et de demande dont elle est l’objet. Mais on ne peut déterminer le rapport qui existe entre la demande et l’offre par la raison que ce rapport est modifié par d’autres éléments. Dans tout échange, en effet, il faut considérer trois termes : l’offre, la demande et la valeur. Ces trois termes varient plus ou moins rapidement suivant la nature de chacun d’eux, mais néanmoins . voient incessamment et agissent les uns sur lesautreSi "One fois déterminée par rechange, la valeur .qui en est le résultat a pour conséquence, si elle s’est élevée, par exemple, défaire baisser la demande. On achète moins d’une marchandise dont le prix s’est élevé ’ parce qu’elle coûte plus cher, et cela, sans ■ qu’il soit possible de déterminer dans quelle proportion exacte la demande baisse. C’est . donc à- -tort que Ton a dit que « la valeur ■ Variait en raison directe des quantités JLeimaïKlées et en raison inverse des quantités offertes ». Pour que cet énoncé fût vrai il faudrait que le prix de la marchandise s’élevât .au double quand la demande aug- . m^nte de moitié. Il n’y a guère de commerçant qui ne sache, par l’expérience que donne la pratique des affaires, que cette proportion est loin d’être vraie. Aussi est-il impossible de traduire la loi de l’offre et de la demande et ses variations dans ’une formule mathématique ; à moins que Ton ne considère des besoins fixes toujours les mêmes, c’est-à-dire l’homme vivant automatiquement sans que la volonté, la fantaisie, le changement d’état de santé, etc., puissent faire varier ces besoins (V, au mot Méthode, § 3, 6. Emploi des mathématiques). L’impossibilité d’établir un rapport exact entre l’offre et la demande, l’enchaînement des difficultés qui résultent en cette circonstance de l’intervention de la valeur, n’ont pas toujours été nettement établis par les au- • teurs,bien que la plupart d’entre eux n’aient point ignoré le fait lui même de la non-proportion. Jean-Baptiste Say semble être ^ le premier qui ait donné une solution claire de ce problème. Reprenant la question, John Stuart Mill l’a analysée rigoureusement en ces termes :

« Désignons, dit-il, par le mot demande IL

la quantité demandée, tout en nous rappelant qu’il ne s’agit pas d’une quantité fixe, mais presque toujours variable selon le cours de la valeur, et supposons que la demande d’un article excède l’offre, c’est-à-dire qu’il y ait des personnes prêtes à acheter, au prix courant, une quantité plus grande que celle qui est offerte. Les acheteurs entrent en concurrence et la valeur de l’article s’élève. De combien ? En raison, pensera-t-on peut-être, delà quantité qui manque, d’un tiers, par exemple, si cette quantité qui manque est un tiers ? Nullement : car lorsque la valeur s’est élevée d’un tiers, il peut arriverque la demande excède encore l’offre. La valeur peut s’élever encore sans que la demande soit satisfaite et, en ce cas, la concurrence des acheteurs continue. Si cet article est de première nécessité, et tel que l’on consente aie payer à tout prix, un déficit d’un tiers peut élever les prix au double, au triple, au quadruple. Au contraire, il peut arriver que la concurrence s’arrête avant que la valeur se soit élevée en raison du déficit. Une hausse de moins d’un tiers pourrait porter l’article au delà des moyens ou de la volonté de tous les acquéreurs. A quel point précis s’arrêtera donc la hausse ? Au point, quel qu’il soit, où l’offre et la demande se trouveront en équilibre : au prix qui fera retirer un tiers de la demande ou qui fera veniruneoffre d’un tiersdeplus. Lorsque, d’une manière ou de l’autre, ou des deux manières à la fois, la demande se trouvera exactement égale à l’offre, la hausse n’ira pas plus loin. « Le cas inverse n’est pas moins facile à décrire. Au lieu que la demande excède l’offre, supposons que l’offre excède la demande. La concurrence agira sur les vendeurs ; la quantité excédente ne pourra trouver des acheteurs qu’à la condition que l’on provoque une demande supplémentaire égale à elle-même. On y parvient par le bon marché : la valeur s’abaisse et met l’article à portée d’un plus grand nombre de consommateurs ou décide ceux qui existent déjà à faire des achats plus considérables. La baisse de valeur nécessaire pour rétablir l’égalité est différente dans ces différents cas. Les articles sur lesquels elle est la plus considérable sont aux deux extrémités de l’échelle ; ce sont les objets de première nécessité et les objets de luxe et de goût destinés à une classe peu nombreuse de consommateurs. S’agit- il de céréales ? Ceux qui en ont assez n’en prendront pas davantage sous l’influence du bon marché ; ils aimeront mieux dépenser sur d’autres articles ce qu’ils économisent sur le prix de leur nourriture, et l’accroissement de consommation qui résulte du bon marché des grains n’absorbe, l’expé-