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REYBAUD — 742 — RICARDO lourds; et, en outre, elle constituerait, pour les années où l’État serait obligé de récla- mer des citoyens une augmentation de leur contribution aux charges publiques, un ins- trument fiscal d’une grande productivité. En tout état de cause, il y aurait là une expérience féconde en résultats pratiques. Cet essai peut seul clore le débat entre par- tisans et adversaires de l’impôt sur le revenu et mettre fin à une discussion que des argu- ments d’école prolongeraient sans terme pré- cis et sans utilité, et qui s’est trouvée récem- ment ravivée par des projets et propositions de loi émanant soit de l’initiative parlemen- taire (propositions Gambetta, Ballue, Maujan) soit de Tinitiative gouvernementale (projets Dauphin et Peytral). Edouard Gampagnole. Bibliographie, De Pibibo, Histoire des impôts généraux sur la propriété et le revenu. — Leone Levi, On the reconstruction of tke Incarne Tarn, Journal of tke Statistical Society, année 1874. — VessSlovsïy, l’Impôt sur le revenu mobilier en Italie, 1879. — Denis, l’Impôt sur le revenu, Bruxelles, 1884. — Joseph Chailley, l’Impôt sur le revenu, 1S84, et l’importante Bibliographie qu’il cite passim ; — Léon Sxy, Solutions démocratiques de la question des impôts, 1886. — Yvrs Guyot, l’Impôt sur le revenu, 1887. — Mahtimet, les Diffé- rentes formes de Y Impôt sur le revenu, 1888. — Hodquss- Fouucadb, les Impôts sur le revenu en France au itih» sièele; histoire du dixième et du cinquantième, 1889. — Raffa- lovich, l’Impôt sur le revenu dans le grand-duché de Bade, — La Réforme de ÏImpôt en Prusse. — Mekieh, l’Impôt sur le capital, 1874. — G. Schanz, Die Steuern der Sckweiz. REYBAUD (Marie-Roch-Louis). Fils d’un ■négociant de Marseille, Louis Reybaud naquit dans cette ville le 15 août 1799. Il devait tout d’abord suivre la carrière pater- nelle, mais, après quelques voyages dans les Indes et le Levant, destinés à compléter son éducation commerciale, il s’aperçut que ses goûts et ses aspirations le dirigeaient plu- tôt du côté de la littérature que du côté du négoce. Il débuta alors dans le journalisme politique comme rédacteur à Y Indépendant des Bouches-du-Rhône. En 1829, il vint se fixer à Paris. Dès lors sa vie fut partagée entre la politique, le roman et l’économie poli- tique. En 1840, il commença la publication, dans la Revue des Deux Mondes, de ses Études sur les réformateurs et socialistes modernes, qui lui valaient le prix Monthyon en 1841 et l’amenaient à l’Académie des sciences mora- les et politiques en 1850. En 1843, il publiait un roman : Jérôme Paturot à larecherche d’une position sociale, dans lequel il raillait finement la société de son époque. En 1846, Marseille renvoyait siéger à la Chambre des députés où il prenait place au centre gauche. Mais ses opinions, qui avaient été jusque-là fort libérales ne devaient pas tarder à changer. Du centre gauche Reybaud passait au centre droit, devenait franchement conservateur, et soutenait vigoureusement le gouvernement. Un remords le prit cependant en 1851; il refusa de s’associer au coup d’État du prince Napoléon et de faire partie de la commission consultative qui le suivit. Sous l’empire, il rentra dans la vie privée et se livra entière- ment à l’étude de l’économie politique. En 1872, M. Thiers le nomma percepteur à Paris et il mourut en fonctions le 28 octobre 1879. Les principaux ouvrages de Reybaud sont, outre ceux que nous avons déjà cités : Jérôme Paturot à la recherche de la meilleure des républiques, 1848, 4 vol. in-8°, faible copie de son premier roman ; V Industrie en Europe Paris, 1856; Étude sur le régime des manufac- tures, 1859-74; Études sur les économistes contemporains, 1862, in-8°, et, en outre, de nombreux romans, des feuilletons dans le Jour- nal des Débats et des articles dans le Jour- nal des économistes, le Dictionnaire du com- merce, le premier Dictionnaire de l’économie politique et la Revue des Deux Mondes. Dans ses diverses études, Reybaud a eu surtout à cœur de réfuter les théories socia- listes. Saint-Simon, Fourier, Robert Owen et Cabet (voy. ces noms) ne sont pour lui que des destructeurs de tout principe social. Il condamne leurs doctrines; mais lorsqu’il a cru les avoir repoussées avec succès, il s’ima- gina avoir tué le socialisme et il en constate la fin (1843). Il professe d’ailleurs une égale horreur à l’égard des statisticiens, et il a peut-être encore plus de mépris pour eux que pour les socialistes. Personne, d’après Reybaud, n’a intenté à la civilisation un pro- cès plus opiniâtre et plus brutal que celui que la statistique, cette science qui renferme des arguments pour toutes les causes, fus- sent-elles diamétralement opposées, lui in- tente tous les jours. Spirituel, humoristique et par certains côtés pamphlélaire, antiso- cialiste, libre-échangiste déclaré, adversaire résolu de la statistique et des chiffres : tel fut Reybaud. Le rôle qu’il a joué en écono- mie politique a été aussi brillant que sérieux.

RICARDO (David), économiste anglais, né à Londres en 1778, mort à Gatcomb-Park (comté de Gloucester) en 1823.

Fils d’un israélite hollandais établi en Angleterre comme courtier de change, David Ricardo embrassa, après avoir reçu une instruction élémentaire, la profession de son père. Il dut se séparer des siens après qu’il eût abjuré la religion juive pour se faire chrétien. Grâce à l’habileté professionnelle qu’il avait su acquérir, il ne tarda pas à se trouver à la tête d’une fortune de plusieurs