Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 2.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nomistes, statisticiens ou financiers de l’Académie des sciences morales dans les deux périodes de son existence de soixante-six années, non plus que la nomenclature des sujets proposés par elle et des mémoires qu’elle a couronnés. La première liste se trouve dans les Annuaires de Vlnstilut, qui paraissent depuis sa création ; la seconde, dans les Mémoires qu’elle publie irrégulièrement et qui forment aujourd’hui 21 forts volumes in-4o, dont cinq jusqu’en 1803 et seize depuis 1832. Edmokd Renaud in. INTÉRÊT. SOMMAIRE I. ANALYSE ÉCONOMIQUE. . L’intérêt du capital. — Ses diverses formes. . Fondement et justification de l’intérêt. . Circonstances qui influent sur l’offre et la demande du capital et déterminent le taux de l’intérêt. A. Productivité. B. Abondance ou rareté. C. Sécurité. . Loi des variations du taux de l’intérêt. . Loi de décroissance du taux de l’intérêt. — Obstacles qu’elle rencontre. . Conséquences sociales de l’intérêt quand il n’est pas basé sur la production. — Origine des anciennes prohibitions. . Conséquences sociales et rôle économique de

intérêt quand il est basé sur la production. 

— Les critiques modernes contre l’intérêt. n INTERVENTION DE L’ÉTAT EN MATIÈRE D’INTÉRÊT. . Prohibition de l’intérêt. . Réglementation du taux de l’intérêt. îo ! Action générale de l’État sur le taux de l’intérêt. in. CONCLUSION. Bibliographie. I. ANALYSE ÉCONOMIQUE, 1. L’intérêt du capital. — Ses diverses formes-L’intérêt est la rémunération que reçoit le possesseur d’un capital pour en concéder l’usage pendant un certain temps. Dans la langue usuelle, le mot intérêt s’applique spécialement à l’indemnité stipulée pour le prêt d’un capital circulant évalué en monnaie, et qui doit être restitué en monnaie a son propriétaire. Quand il s’agit de capitaux fixes, l’indemmité prend les noms de fermage et de loyer. Malgré ces diversités d’expression, il n’y a aucune différence économique fondamentale entre le prêt d’un capital circulant et le prêt d’un capital fixe ; ces deux faits reposent sur des bases identiques. Dans un cas comme INTÉRÊT dans l’autre, le possesseur d’un capital s’en dessaisit pour un temps au profit d’un autre, — emprunteur, locataire ou fermier, — et reçoit une indemnité en échange de cette jouissance temporaire. Ces diverses formes du prêt ont cependant été très diversement appréciées au point de vue des doctrines. Alors que le loyer et le fermage ont toujours été considérés comme licites, la légitimité de l’intérêt a été contestée pendant des siècles. Depuis Aristote, le phénomène de l’intérêt, mal compris, était l’objet des attaques des philosophes, des condamnations des docteurs religieux, des prohibitions mêmes de la loi, en même temps qu’il était en butte aux suspicions et à l’hostilité du sentimentpopulaire. S’il est moins discuté de nos jours, c’est que le socialisme après avoir, un moment, repris à son compte la théorie d’ Aristote sur la stérilité de l’argent, a déplacé le terrain du combat et reporté ses attaques sur la légitimité de la propriété du capital. Ce changement de tactique est un aveu de ce qu’il y a d’irréfutable dans les arguments sur lesquels la science appuie la théorie de l’intérêt

n’en reste pas moins nécessaire d’exposer 

cette question, — l’une des plus importantes de l’économie politique, — avec la plus grande précision. La science, d’ailleurs, ne se borne pas à démontrer la légitimité de l’intérêt, à décrire les circonstances qui influent sur sa quotité ; à dégager les lois de ses variations. En donnant à l’intérêt pour base unique et nécessaire la productivité du capital, elle montre qu’il y a dans ce mécanisme un instrument dangereux ou bienfaisant, suivant l’usage auquel il est employé ; elle trace son rôle économique et jette une lumière abondante sur les résultats sociaux qu’il est susceptible de produire. . Fondement et justification de l’intérêt. Au point de vue économique, la notion da l’intérêt s’appuie uniquement sur les services que le capital est susceptible de rendre. On a vu ailleurs que le capital (voy. ce mot) est, de sa nature, productif d’utilité : le capital fixe accroît la productivité de celui qui en fait usage ; le capital circulant engagé dans une opération productive se transforme en une valeur supérieure à celle consommée. Le supplément de valeur obtenu n’est pas le seul fait du travail du producteur et des soins nécessités pas l’opération, il est aussi le produit du capital mis en œuvre. La jouissance du capital représente dès lors une utilité qui le fait universellement