se sont lancés avec une sorte d’ivresse au milieu d’une carrière qui venait de s’ouvrir ; et, dans leur ignorance de l’état où se trouvaient les nations d’outre-mer, de leur agriculture, de leurs arts, de leur population, de leurs ressources pour acheter et consommer, ces navires, échappés à une longue détention, ont porté partout avec abondance les produits du continent de l’Europe, présumant que les autres contrées du globe, qui en étaient sevrées depuis long-temps, en seraient avides.
Mais, pour pouvoir acheter ce supplément extraordinaire, il aurait fallu en même temps que ces autres contrées, de leur côté, eussent pu créer à l’instant des produits extraordinaires ; car, encore une fois, la difficulté n’est point de consommer à New-York, à Baltimore, à la Havane, à Rio-Janeiro, à Buenos-Ayres, des marchandises d’Europe. On les y consommerait volontiers si l’on pouvait