Page:Say - Lettres à M. Malthus sur l’économie politique et la stagnation du commerce.djvu/28

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car, s’il ne payait pas, on se lasserait bien vite de lui vendre. Or, avec quoi les Italiens paient-ils les Anglais ? Avec des huiles, avec des soies, avec des raisins secs ; et, passé ces articles-là et quelques autres, s’ils voulaient acquérir plus de produits anglais, avec quoi les paieraient-ils ? avec de l’argent ! mais il faudrait acquérir l’argent lui-même dont ils paieraient les produits anglais. Vous voyez bien, monsieur, que pour acquérir des produits, il faut qu’une nation, comme un particulier, ait recours à ses propres productions.

On dit que les Anglais vendent à perte dans les lieux qu’ils inondent de leurs marchandises. Je le crois bien : ils multiplient la marchandise offerte, ce qui l’avilit ; et ils ne demandent, autant qu’ils peuvent, que de l’argent, ce qui le rend plus rare, plus précieux par conséquent. Devenu plus précieux, on le donne en moins grande quantité dans chaque échange ; voilà pourquoi l’on est obligé de vendre à perte. Mais supposez pour