Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les billets de banque eussent un cours forcé. Et l’opinion que les Anglais se formaient de la solidité de leur banque était telle, que personne ne supposait qu’un pareil effet provint d’une autre cause que d’un renchérissement de toutes les marchandises occasioné par la guerre.

Le premier mouvement des hommes est de résister à la vérité. Ricardo fut attaqué de toutes parts, et le parlement se donna le ridicule de déclarer officiellement que le papier de la banque n’était pas déprécié. C’est ainsi qu’au fort de la guerre de la Vendée, la Convention décréta que cette guerre était terminée. Mais la vérité ne saurait perdre ses droits ; quelques années plus tard, tout le monde pensa comme Ricardo. Le parlement y conforma ses mesures ; et la suite confirma la théorie de Ricardo : on réduisit le nombre des billets de banque en circulation, et les prix retombèrent à leur ancien taux ; ce qui ne fut pas un bien, comme ou a pu s’en convaincre ; mais l’événement prouva que le papier avait perdu sa valeur non à cause du discrédit, mais à cause de sa multiplication[1].

En 1815, Ricardo publia un Essai sur le bas prix du blé, dans lequel il fait voir combien étaient impolitiques les obstacles que l’on opposait à l’introduction en Angleterre des blés étrangers. L’auteur prouvait en cela son désintéressement ; car possédant beaucoup de terres, il pouvait désirer que les blés étrangers n’entrassent pas en concurrence avec les siens.

  1. Voyez Cours complet, 3e partie, chap. 16, page 54 du 3e volume.