Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/16

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s’y font, en effet, remarquer ; mais on y trouve aussi un amour très-sincère de la liberté, et un désir du bien qui ne s’est jamais démenti.

Dès le commencement de la révolution, M. Say s’attacha aux hommes qui la servaient par leurs discours ou leurs écrits : il fut employé au Courrier de Provence, que publiait Mirabeau, et ensuite dans les bureaux du ministre Clavière. Son goût pour les sciences morales et politiques l’éloignait de la profession pour laquelle il avait été élevé : il en fut tout-à-fait écarté par un nouveau revers de fortune que ses parens éprouvèrent

Son père avait une confiance aveugle dans le triomphe des principes de justice que la révolution avait proclamés ; il ne pouvait pas s’imaginer qu’un gouvernement qui avait reçu la mission de faire respecter tous les droits, fût jamais infidèle à ses promesses et se déshonorât par une banqueroute ; il aurait cru, d’ailleurs, faire un acte de mauvais citoyen s’il avait refusé sa confiance à une monnaie de papier qui portait pour titre : Garantie nationale ; et quoi qu’il en vît baisser rapidement la valeur, il conservait toujours l’espérance que le gouvernement trouverait le moyen de la relever ; il ne se désabusa que lorsqu’il eut irrévocablement perdu sa fortune.

Ce fut au milieu de ces circonstances et dans