Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/191

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eût commandées jusqu’à nos jours, après les avoir, par sa folie et son imprudence, vouées à une destruction inévitable[1].

La nation française voulait être l’amie de tous les peuples, il lui a suscité leur inimitié ; elle était une des plus puissantes de l’Europe, il en a fait une des plus faibles et des plus dominées.

Vous devez concevoir maintenant quels sont les reproches que je suis autorisé à adresser à Napoléon ; vous voyez ce qu’il pouvait faire pour le monde et pour lui-même : le malheureux ne l’a pas voulu, il a préféré aller mourir de chagrin à Sainte-Hélène ! Et ce n’est pas,

  1. On a pu lire dans les Mémoires de Fouché, son ministre de la police, publiés depuis que cette lettre a été écrite, cette phrase sur le renouvellement de la guerre avec l’Angleterre, qui eut lieu en 1803 :

    « Dès-lors il résolut de nous priver de tous rapports avec un peuple libre. Il ralluma donc la guerre ; mais sans perdre la popularité que la paix lui avait acquise. Il donna à sa haine pour la liberté les couleurs du patriotisme ; il se proposait, disait-il, de détruire l’industrie anglaise pour que l’industrie française restât sans rivale ; et cette absurdité exerçait une influence d’autant plus grande que la censure n’aurait pas permis la publication d’une idée juste en économie politique. »

    Cette révélation du ministre de la police de Bonaparte est bien confirmée par tous les Mémoires partis de Sainte-Hélène, et notamment par ceux de Las-Cases.