Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/433

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tenu à des accidens heureux et peu communs, tels que la vie d’un bon prince. Les arts étaient méprisés et abandonnés aux esclaves, c’est-à-dire à des hommes dépourvus de cette intelligence étendue propre à concevoir de vastes entreprises et de l’intérêt personnel qui les fait exécuter. L’art le mieux cultivé était celui de la guerre, qui fait fuir tous les autres. Les seuls événemens qui se représentent dans les histoires de l’antiquité doivent nous faire penser que des bâtimens d’exploitation, des ateliers pourvus d’outils, et tout ce qui suppose des occupations suivies, devaient y être perpétuellement menacés. Un pareil ordre de choses est incompatible avec une vaste production, et sans une vaste production, point de nombreuse population.

On sait l’état de dépérissement où la France était tombée vers la fin du règne de Louis XIV. Il faut à ce sujet consulter les ouvrages du maréchal de Vauban, esprit juste et consciencieux : il dit qu’après avoir, durant quarante ans, visité, en sa qualité d’ingénieur, la plus grande partie des provinces du royaume, il avait été effrayé des progrès de ce dénuement.

Il partage le peuple de France en dix parts, et il atteste qu’une de ces parts est réduite à la