Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/453

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injustice produite, ou toute injustice est un mal, d’abord pour celui qui en est victime, et ensuite pour la société, parce qu’elle décourage de faire le bien ; elle nuit à ce qui augmente la somme des biens, en même temps qu’elle ajoute à la somme des maux. Quiconque adopte le principe de l’utilité, ne saurait donc prendre la défense de l’injustice.

Si nous croyons que ce qui est utile doit être la règle de notre approbation et de nos actions ; en moins de mots, si nous adoptons le principe de l’utilité, nous ne devons entendre par là que la véritable utilité, ce qui est vraiment utile, ce qui doit entraîner bien réellement plus de bien que de mal ; cela nous met dans l’obligation de nous éclairer sur les conséquences des choses, d’étudier la nature de chaque chose, et la manière dont les faits se lient les uns aux autres. C’est pour cela que les lumières sont nécessaires à la morale.

Je sais bien qu’à défaut de lumières, on pourrait s’en rapporter à ceux qui en ont ; mais on rencontre alors un grand danger. L’homme que l’on consulte, au lieu de conseiller à l’ignorant ce qu’il y a de plus utile à faire, peut lui conseiller ce qui convient à lui directeur, ou à sa caste, plutôt que ce qui augmente véritablement la somme des biens, ou diminue vé-