Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/461

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produits de nos jours dans l’éloquence de nos missionnaires, et par ce mot je ne désigne pas seulement les missionnaires qui frappent l’imagination grossière des villageois, mais peut-être aussi ceux qui prêchent dans les salons, aidés d’un beau talent, et qui, au lieu de tirer leur morale de l’étude des choses telles qu’elles sont, vont la puiser dans les eaux du Meschassebé ou du Jourdain.


Tels sont les principes des ascétiques et les motifs sur lesquels se fondèrent les différens chefs de secte qui les ont soutenus.

Bentham signale ainsi l’autre troupe de sophismes qui combat le principe de l’utilité. Ce sont les principes de ceux qui approuvent ou blâment par sentiment, sans admettre aucune autre raison de ce jugement que le jugement lui-même, et sans se croire obligés de le justifier par le calcul éclairé des biens et des maux qui résultent de l’action qu’ils approuvent ou qu’ils blâment. « C’est ma persuasion intime, disent-ils ; je sens : cela suffit, le sentiment ne consulte personne. Malheur à qui ne pense pas ainsi ! »

Tel est le ton despotique de ce principe d’action que Bentham appelle arbitraire, et duquel il résulte une véritable anarchie d’idées, puis-