Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/464

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produisent quelquefois des actions utiles, ils peuvent aussi en produire de funestes. L’histoire en fournit une foule d’exemples. La seule règle toujours bonne, toujours sûre pour nos actions, c’est la considération de l’utilité. On peut souvent faire le bien par d’autres motifs ; on ne peut le faire constamment qu’en s’attachant à ce principe.

Tels sont les deux principes opposés au principe de l'utilité : celui de l'ascétisme et celui de l'arbitraire ; ce dernier comprend l'enseignement, l'autorité, c'est-à-dire vous prescrit de croire et d'agir, ou bien vous le défend, sans autre motif sinon qu'on vous l'enseigne ainsi, qu'on le veut ainsi. Le principe d'utilité seul vous prescrit ou vous défend parce qu'il en doit résulter du bien ou du mal. Il oblige à connaître les choses et à bien raisonner ; il se rectifie perpétuellement à mesure qu'on découvre que ce qu'on imaginait bon, est mauvais, ou que ce qu'on imaginait mauvais, est bon.

Après avoir appelé bon ce qui est utile, et mauvais ce qui est nuisible, il reste une autre question a examiner. Utile pour qui ? nuisible pour qui ? Un homme est-il autorisé à faire une action parce qu’elle lui est utile en même