Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait prendre la défense d’une loi démontrée funeste ?

Remarquez que si l’on admettait généralement pour règle le principe de l’utilité, presqu’aucun germe, non pas d’opposition, mais de querelles sanglantes, ne pourrait se développer parmi les hommes. Ce sont les opinions qu’on veut faire entrer d’autorité, qui rencontrent des résistances dont on s’irrite, et provoquent la persécution. Quiconque dit : Suivez cette loi, parce que je vous la donne, mérite qu’on lui fasse cette réponse : Je ne la suivrai pas, parce que je ne la reçois pas. Mais à celui qui dit : Suivez cette loi, parce qu’elle est avantageuse, l’opposant est obligé de prouver qu’elle n’est pas avantageuse. Dans le premier cas, la résistance peut être sans raison ; dans le second, il faut qu’elle soit motivée. Du moment qu’il y a des motifs donnés de part et d’autre, il faut un jugement qui apprécie leur valeur. Pour qu’il y ait un jugement, il faut qu’il y ait des arbitres reconnus par les uns comme par les autres, des législateurs fondés à l’être ; or ces discussions, ces formes, ce jugement sont précisément le contraire de la violence et des batailles qui ne décident rien, si ce n’est que l’un est plus fort que l’autre.

Notez bien que les raisonnemens, les dis-