Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/487

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que j’ignore, il a été écarté des collections qui ont paru des œuvres de Chénier, on me permettra d’en rapporter quelques passages à l’appui de ma thèse, car c’est un appui véritable que la saine raison habillée en beaux vers.

Chénier, après avoir montré que si, en raison de la faiblesse de nos organes, les plus grands génies, depuis Aristote jusqu’à Voltaire, ont été sujets à se tromper, tous du moins ont regardé l’erreur comme une infirmité, comme un mal. C’est un mal de peu d’importance lorsqu’il ne porte que sur des points qui n’influent que faiblement sur le sort des hommes.


Un esprit de travers
Peut sottement juger de musique ou de vers,
Sans qu’il faille imputer à sa lourde faconde
Les troubles d’un empire ou les larmes du monde.
On a lieu de gémir quand, par de longs abus,
Et des mœurs et des lois le vrai se trouve exclus ;
Quand, au lieu de ce vrai que sema la nature,
L’erreur cueille des fruits entés par l’imposture.


C’est précisément dans les choses importantes qu’on a prétendu que l’erreur était utile, qu’il ne fallait pas que les hommes fussent trop instruits, qu’ils en étaient moins dociles ; mais leur docilité, dans ce cas, à qui sert-elle ? Le poète répond :