Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/490

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Une cour avec art par loi-même flétrie,
Pour l’or et les honneurs lui vendit la patrie.
Le peuple osa crier… Tout, d’un commun effort,
Vint contre le plus faible au secours du plus fort.
Le guerrier, pour un mot, vexant une province,
Parla, le sabre en main, de la bonté du prince.
Le financier, pillant jusqu’au moindre hameau,
Au nom du bien public taxa la terre et l’eau,
Et des Pussort du temps l’infernale cohorte
Mit, à force de lois, la justice à la porte.


Tels sont les exemples par lesquels le poète-philosophe montre comment le charlatanisme peut déguiser, sous des prétextes spécieux, l’usurpation des droits et de la félicité des peuples, lorsque les peuples ne sont pas assez éclairés pour voir l’abîme où on les mène.

C’est anciennement sur de semblables racines que poussèrent tous les genres d’abus.


Trouvant dans son berceau ses titres de noblesse,
L’enfant porta les noms de Grandeur et d’Altesse :
C’est peu. De la vertu l’honneur fut séparé ;
De cordons fastueux le vice fut paré ;
On forgea du blason la gothique imposture ;
On flétrit le travail : tous les arts en roture
Servirent à genoux la noble oisiveté ;
Tandis qu’un monstre impur, la féodalité,
À la glèbe servile attachait ses victimes.
Le genre humain déchu de ses droits légitimes,