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LIVRE SECOND. — CHAPITRE II.

Lorsque de telles ventes ont lieu d’une nation à une autre, la nation vendeuse de la marchandise qui a haussé, gagne le montant de l’augmentation, et la nation qui achète perd précisément autant. Il n’existe pas, en vertu d’une telle hausse, plus de richesses dans le monde ; car il faudrait pour cela qu’il y eût eu quelque nouvelle utilité produite à laquelle on eût mis un prix. Dès-lors il faut bien que l’un perde ce que l’autre gagne ; c’est aussi ce qui arrive dans toute espèce d’agiotage fondé sur les variations des valeurs entre elles.

Un jour viendra probablement où les états européens, plus éclairés sur leurs vrais intérêts, renonceront à toutes leurs colonies sujettes, et jetteront des colonies indépendantes dans les contrées équinoxiales les plus voisines de l’Europe, comme en Afrique. Les vastes cultures qui s’y feront des denrées que nous appelons coloniales, les procureront à l’Europe avec une abondance extrême, et probablement à des prix très-modiques. Les négocians qui auront des approvisionnemens faits aux prix anciens perdront sur leurs marchandises ; mais tout ce qu’ils perdront sera gagné par les consommateurs, qui jouiront pendant un temps de ces produits à un prix inférieur aux frais qu’ils auront occasionnés ; peu à peu les négocians remplaceront des marchandises chèrement produites, par des marchandises pareilles provenant d’une production mieux entendue ;