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DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

l’on veut, l’utilité qui réside en eux, ne peut être évaluée que par le prix courant que les hommes y mettent. C’est en ce sens que le revenu d’une personne est égal à la valeur qu’elle tire de ses fonds productifs ; mais cette valeur est d’autant plus grande par rapport aux objets de sa consommation, que ceux-ci sont à meilleur marché, puisque alors cette même valeur la rend maîtresse d’une plus grande quantité de produits.

Par la même raison, le revenu d’une nation est d’autant plus considérable que la valeur dont il se compose (c’est-à-dire la valeur de tous ses services productifs) est plus grande, et la valeur des objets qu’il est destiné à acheter plus petite. La valeur des services productifs est même nécessairement considérable, quand celle des produits l’est peu ; car la valeur se composant de la quantité de choses qu’on peut obtenir dans un échange, les revenus (les services des fonds productifs de la nation) valent d’autant plus, que les produits qu’ils obtiennent sont abondans et à bas prix.

Après les considérations contenues dans ce chapitre et dans les trois précédens, qui étaient nécessaires pour fixer nos idées sur les valeurs produites, il nous reste à comprendre la manière et les proportions suivant lesquelles elles se distribuent dans la société.

CHAPITRE V.

Comment les revenus se distribuent dans la société.

Les raisons qui déterminent la valeur des choses, et qui agissent de la manière indiquée dans les chapitres précédens, s’appliquent indifféremment à toutes les choses qui ont une valeur, même aux plus fugitives ; elles s’appliquent par conséquent aux services productifs que rendent l’industrie, les capitaux et les terres dans l’acte de la production. Ceux qui disposent de l’une de ces trois sources de la production sont marchands de cette denrée que nous appelons ici services productifs ; les consommateurs des produits en sont les acheteurs. Les entrepreneurs d’industrie ne sont, pour ainsi dire, que des intermédiaires qui réclament les services productifs nécessaires pour tel produit en proportion de la demande qu’on fait de ce produit[1]. Le cultivateur, le manufacturier et le négociant com-

  1. On a déjà vu que la demande est d’autant plus grande pour chaque produit, qu’il a plus d’utilité, et que les consommateurs possèdent une plus grande quantité d’autres produits à pouvoir donner en échange. En d’autres mots, l’utilité d’une chose et la richesse des acheteurs déterminent l’étendue de la demande.