Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/116

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les grandes colonisations ont eu lieu ^dans le Jura ainsi après 1237) et que l’on en découvre la trace dans une grande quantité de noms, en Allemagne rhoden, rodcn, rode, rath (de défricher, roden)  ; en Danemark, rod  ; en Suède, ryd’j en Allemagne encore  : haijen (champ dans la forêt), brcmd (feu), schwcnd (défrichement par le feu). Il en est de même pour certains noms qui désignent des châ- teaux, fels (rocher), stein, huvg  ; ou, des pos- sessions de l’église, kircheti (église), kappel (chapelle), zell (cellule).

Nous donnons ces exemples pour indiquer les études qu’on pourra, sans doute, encore faire en vue d’élucider l’origine de nos so- ciétés. Les noms des lieux sont une contri- bution à ces études, comme l’est souvent la distribution actuelle des terres. Il y a beau- coup de choses que nous ne savons pas encore, ni sur les mélanges qui se sont faits entre les peuples à l’époque de la grande migration, ni sur leur manière de s’établir. Mais nous en savons assezpour constater que la plupart des Teutons se sont établis en villages et rien ne nous autorise à conclure que ces vil- lages ont immédiatement tiré leur origine ou de familles particulières ou d’établisse- ments dépendants (1).

8. Le Mir russe et autres formes de communauté slave.

Le Mir, textuellement « monde », ou commune possession du sol (sans cette reconnaissance de la propriété individuelle qui existe dans la commune teutonique où chacun a sa part), avec distribution de la terre à toutes les « âmes », parait être une institution particulièrement moscovite, qui s’est développée avec le servage sous le système oppressif légué au grand-duché de Moscou par le régime tartare. C’est le grand-duc et la noblesse qui demandèrent, dans la période des durs impôts qui sévirent à la fin du xvi^ siècle, la solidarité de la commune pour le paiement de l’impôt, et l’on regarde même la redistribution moderne de la terre tous les 3 ou 6 ans comme n’ayant été introduite

(l) Les noms de lieux ont été étudiés avec une érudition approfondie par des auteurs allemands tels que Jacob Grimm, Zeuss, E. Fijrstemann {Die deutsche Orlsnamen, 18G3  ; deutsche \amenbuc/i)  ; \V. Arnold {Ansiedelungen und Wanderungen deulsthcr Stàmme, 1875  ; Deutsche Urzeit. 1869  ; Die Ortsnamen als Geschiehtsquelle, 1889)  ; 0. R. Melsen et autres en Danemark  ; OlafHygh en Norvège  ; V. par ex. Letterstedtske 2’ids^tkrift  ; Historisk Tidsskrift  ; Aaiboger for Nordisk Ohlkyndiyhed ot/ HUtorie  ; Joret pour la Xor- mandie  ; pour l’Angleterre, Kemble, dans son Histoire des Anglo-Saxons  ; le chanoine Isaac Taylor ( Wo)ds and Xames, 1882, qui n’est pas toujours sans erreurs) et un grand nombre d’auteurs, souvent des pasteurs, pour les différentes parties de la Grande-Bretagne, avec un savoir plus ou moins d-tabli  ; pour l'Écosse, le/)!Ctionnaî>ede Jamieson,et celui, moins bon quoique plus récent, de Murray.


qu’avec la capitation sous Pierre le Grand ,1710). Cette forme de commune est un corollaire naturel du servage et s’est développée avec lui. Avant l’institution du servage et de la commune, l’inégalité était admise dans l’étendue des terres qui appartenaient aux paysans, et le droit légitime d’en être pourvu n’existait pas pour chaque « âme ». C’était aussi, au commencement, non pas chaque individu, mais chaque ferme ou famille (tiaglo, « attelage ») qui devait fournir la redevance, et seulement les possesseurs des fermes qui étaient obligés de rester sur les domaines.

La partie nord et nord-est de la Russie, au delà d’une ligne passant parle lac Ilmen et aboutissant à Samara, a été principalement peuplée de tribus finnoises. Les Finnois, race qui, après s’être d’abord développée sur les Tundras ou steppes polaires, occupa bientôt aussi les grandes forêts du Nord, ne possédaient qu’une civilisation rudimentaire et ils ont vécu plutôt isolés. Même avant d’avoir pénétré jusqu’en Finlande, au vii= siècle, ils avaient des mots de culture venus presque exclusivement des peuples teutoniques, surtout des Scandinaves, avec lesquels ils ont évidemment été en relations bien avant de les avoir rencontrés sur les côtes du golfe de Bothnie et de la mer Baltique, soit avant que tous les Scandinaves ne soient arrivés en Scandinavie, soit par des anciennes colonies Scandinaves de guerriers-commerçants. Les Finnois de la Finlande se divisent en deux races, les Tavastes, plus blonds, vers l’Ouest, auxquels se rattachent aussi les Esthoniens et les Lives  ; les Careliens, plus bruns, dans l’Est de la Finlande et dans les parties proches de la Russie, auxquels se rattachent aussi les Coures dans la Courlande  ; enfin une race intermédiaire, dans le centre de la Finlande, est constituée par les Savolax. La plus grande partie de la population de la Livonie appartient cependant aux Lottes lithuaniens, dont font aussi partie les Semgalles dans la Courlande. La race lithuanienne se rapproche des ancêtres des Celtes, les Kimmériens.

Les habitations caractéristiques des Finnois étaient de rondes jowtcs ou cofas et toute leur vie était primitive. On trouve aujourd’liui des villages finnois dans la Finlande, dans l’Esthonie, dans une partie restreinte du nord de la Livonie et en Russie  ; mais on suppose que ces villages se sont formés entièrement sous l’iniluence de nations plus civilisées  ; en Finlande et en Esthouie, sous l’influence des Suédois et des Danois  ; en Russie, sous celle des Slaves, qui ont eux-